21/01/2010
Désolation
La neige a fondu, ne laissant en spectacle que celui des jardins abîmés. Partout ce ne sont qu'arbres couchés, branches brisées, oliviers déracinés. On pourrait parler de désolation, mais il n'en n'est rien. Dans quelque temps il n'y paraîtra plus.
Á l'autre bout du monde, sur la terre d'Haïti, règne la véritable désolation. Ceux qui hier n'avaient rien, ont aujourd'hui moins que rien. Tout n'est que champs de ruines et douleurs, deuil et désespoir, révolte et résignation. Là où l'anarchie dominait à cause de dirigeants corrompus, se développe le chaos, sorte de monstre aux mille têtes. Ce sont eux, ces haïtiens malmenés par le sort, les damnés de la terre. Et nous, nous mesurons notre impuissance. L'ouverture généreuse de nos porte-monnaie n'empêchera pas les mois et les années de reconstruction. Notre compassion n'ôtera pas le chagrin. Tout au plus l'allègera-t-elle. Pour un temps cette tragédie qui se conjugue en milliers de drames, nous détournera de nous-mêmes. Pour un temps, nous remettrons à leur juste place nos tracas matériels et nous verrons dans nos rues, ceux qui, loin de Haïti, ne connaissent que le froid d'un hiver où ils n'ont pas de toit. Puis, lorsque les média auront d'autres chats à fouetter, nous oublierons. Pas un oubli brutal, mais un oubli qui jour après jour recouvrira l'île martyre et nous ramènera, doucement à notre égocentisme. Et cela jusqu'au prochain désastre.
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15/01/2010
Être une mouche
Hier nous avons mis notre troisième enfant dans l'avion pour Angleterre, où elle part pour six mois. Assise à côté d'elle dans le hall de l'aéroport, je me suis dit que pour une fois j'aimerais être une mouche. Vu que c'est l'hiver, une mouche équipée d'un cache-nez et de boots pour affronter la neige. Donc, étant une mouche, je me logerais dans l'une des poches du manteau de ma fille, bien au chaud, entre deux kleenex. Je ressentirais certainement quelques émotions au décollage, mais je sais que j'affronterais avec courage cette redoutable épreuve. Pelotonnée au fond de sa poche, je la verrais transporter son énorme valise, je l'entendrais tenter désespérément de comprendre les anglais, et je pourrais lui murmurer : "Courage, tout va bien. " Le problème avec ce voyage sous forme de mouche c'est qu'il me faudrait revenir en France à temps pour aller faire les soldes avec ma sœur et me rendre à un rendez-vous important. Trouver un vol pour Marseille ne poserait aucun problème, mais une fois revenue à l'aéroport, il me faudrait rejoindre mes pénates à vol de mouche car la voiture familiale ne m'aurait pas attendue. Imaginez une pauvre mouche, munie de son cache-nez, affrontant le vent violent de Marseille. Je finirais écrasée sur un pare-brise et avouez que ce serait une triste fin pour une mouche pleine de courage. Après avoir pris en compte toutes ces considérations, j'ai finalement renoncé à me transformer en mouche. J'ai regardé s'éloigner ma fille vers la salle d'embarquement, le cœur tremblant, pleine de regrets, malgré tout, de n'avoir pas rejoint le fond de sa poche.
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08/01/2010
Tout est blanc ! ! !
C'est incroyable comme la neige nous ramène à l'enfance. Se réveiller et voir les jardins enveloppés d'une ouate blanche où seules les traces de pattes d'un chat viennent signaler une présence, allument dans le cœur une joie enfantine. Les arbres ploient sous quinze centimètres de neige. Le vent souffle et s'amuse à créer des tourbillons éphémères. Le paysage n'est plus le même. Le sapin de Noël que j'avais remisé dehors a pris un petit air de fête. " Mon beau sapin…" semble-t-il chanter. Le chat blanc, après avoir fait un petit tour dans la mousseline givrée de ce matin somptueux, dort tranquillement sur sa chaise. Le chat noir, qui a eu peur du contraste entre son pelage réglisse et le blanc du jardin, se prélasse sous la table en ronronnant. Dehors nos enfants, l'ado et sa grande sœur se battent à coup de boules froides. Le chien est constellé de strass accrochés à sa fourrure. "Jingle bells ! ! !" fredonnent les grands pins. Parenthèse immaculée. La Provence a revêtu son anorak et ouvre des yeux surpris sur ce matin pas comme les autres.
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