04/05/2010
Pôvre blog…
Je l'ai entendu renifler ce matin puis se moucher un grand coup. " Qu'est-ce ? lui ai-je demandé le cœur tout barbouillé. Tu ne m'as pas habituée à ça. " Mais il ne parvenait pas à répondre. De grosses larmes coulaient sur les mots qui se décoloraient et laissaient de longues traînées sur la page ouverte.
C'était du sérieux ! Un blog qui déprime c'est déprimant. Que se passait-il ? J'ai réfléchi, passé en revue tout ce qu'il contenait. De façon générale c'était plus acidulé que déprimant. J'ai examiné les livres, les films proposés, là aussi rien à redire. Mais peut-être est-ce que je manque d'objectivité et que je me contente de peu.
Était-ce la présentation ? Toujours la même fillette jouant dans la mer ? Ce bleu éternellement recommencé sur la page d'ouverture ? Ces coquillages s'affichant dans un ordre immuable ? On a parfois besoin de changer de tenue. Mais, à toutes mes suggestions mon pôvre blog se taisait. Muet comme une tombe. Lui d'ordinaire si bavard ne disait pas un mot.
J'ai fait mon examen de conscience et dû reconnaître que depuis quelque temps je le négligeais. L'enthousiasme des premiers temps avait laissé place à une petite routine. Nous étions devenus un vieux couple. " Tu te laisses aller…"aurait-il pu me chanter. Bon, j'ai bien quelques excuses de santé, de famille, de temps. Mon cher blog a opiné de la lettre mais il m'a semblé que ce n'était pas tout. Et soudain je me suis penchée sur les statistiques et les commentaires. Et là, c'était la Bérézina . La fréquentation en chute libre, les commentaires aussi rares que le loup blanc ! Mon pôvre blog n'avait presque plus de visites. Il se sentait seul, abandonné, inutile. " Á quoi bon poursuivre si plus personne ne s'intéresse à moi ? murmurait-il. Ô monde versatile et changeant, me faut-il disparaître à jamais ? Dois-je cesser d'exister ? "
Pour le coup, j'ai réagi ! "Notre existence tient-elle à notre popularité ? Existe-t-on uniquement à travers le regard des autres ? Certes on a besoin de se sentir aimé, mais point n'est besoin d'une foule changeante. Une poignée d'amis sûrs et fidèles permet chaque jour de tenir bon. Alors, petit blog modeste et sans gloire, sois heureux de ceux qui passent et ne laisse pas ton cœur être gagné par l'amertume et le rejet. Je t'aime, moi, tu es le cahier de couleurs de mes jours et c'est cela qui compte. "
Et il a cessé de pleurer. Il s'est mouché une dernière fois, et m'a dit : " D'accord, et à demain j'espère. "
09:43 | Lien permanent | Commentaires (2)
30/04/2010
L'arche dans la tempête
Décidément je vais encore parler de livres. C'est une manie, pourtant je n'ai jamais eu l'intention de faire un blog de "critique littéraire". Dans la bibliothèque de ma mère j'ai trouvé un roman que j'avais lu quand j'étais jeune adolescente, et dont l'atmosphère m'avais laissé un souvenir émerveillé. De quoi parlait ce roman ? J'aurais bien été incapable de le dire. Aussi m'emparais-je avec curiosité de L'arche dans la tempête d'Elizabeth Goudge, une écrivaine anglaise née en 1900 et morte en 1984 dont j'avais lu plusieurs œuvres il y a fort longtemps. Et ce roman m'a enchanté, au sens littéral du terme. Je suis tombée sous son charme, celui qu'exerce sur les personnages, l'île de Guernesey et sa nature sauvage et magnifique. Cette arche est une maison, la ferme de Bon-repos où vit la famille Du Frocq. Un jour, un étranger qui a fait naufrage y trouve refuge. Sa présence va bouleverser la vie de tous les habitants du lieu. Personnage à la figure d'ange déchu, Ranulph se laisse apprivoiser par cette famille à qui il cache presque jusqu'au dernier moment sa véritable identité. Tout est parfait dans ce roman. L'écriture est d'une richesse que, me semble-t-il, personne n'ose aujourd'hui par crainte d'ennuyer le lecteur. La nature est décrite avec une précision étonnante, et une incroyable légèreté. Les tableaux de la mer, de la campagne se succèdent faisant de l'île un personnage à part entière à la fois sombre et hospitalier que l'on rêve de pouvoir un jour arpenter. Quant aux personnages ils révèlent tous la connaissance des hommes que possède l'auteure. Rien de manichéen, de facile. La personnalité de chacun des enfants est dévoilée au fil des événements, avec profondeur et subtilité, donnant au moindre détail une importance capitale. Les adultes ne sont jamais jugés. Ils ne sont ni totalement bons ni totalement mauvais. Chacun a sa part de lumière et sa part d'ombre. Profondément humains, ils bouleversent. La vie de la famille Du Frocq est à l'image de celle de l'île : tempêtes et jours de paix, orages et éclaircies, coups de vent et embellies se succèdent. Rien n'est laissé au hasard, rien n'est dû au hasard. Cela peut paraître "nian-nian" de dire que ce livre m'accompagne encore une fois la lecture achevée, mais c'est pourtant une réalité. J'y ai trouvé une telle poésie, une telle beauté, un tel art de l'écriture que je suis frappée d'une admiration émue.
11:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/04/2010
Paresse
Je deviens paresseuse, c'est certain. Ou plutôt vélléitaire, ou atteinte de procrastination aiguë. J'ai régulièrement l'intention de venir sur mon blog, d'y laisser une petite note, un clin d'œil à mes lectrices et lecteurs fidèles,et puis, la journée passe avec son cortège de contraintes, d'urgences, de menus plaisirs qui m'éloignent invariablement du clavier. Clavier, clavier, quand je pianote sur tes blanches touches, qui dis-tu que je suis ? Une enragée de l'écriture ? Une dilettante fantasque ? Un oiseau sur la branche qui va prendre son envol avant que tu n'aies dit "Ouf" ? Avoue que tu n'en sais rien. Tu n'as pas ton mot à dire. Tu attends dans une soumission sans égale que je daigne venir te caresser dans le sens du poil, que tu n'as pas d'ailleurs. Donc, je paresse, je "procrastine", je "vélléite" sans remords. D'autant moins qu'il fait ces jours-ci un temps magnifique, que les merles sifflent à plein gosier, et que lilas, coronilles, et kérrias rivalisent de parfums et m'attirent sur la terrasse pour laisser le soleil dorer ma peau après ce terrible hiver qui ne voulait pas finir. Mais je n'ai tout de même pas dit mon dernier mot. Je ne vais pas fermer boutique. La paresse n'est pas une maladie incurable, mais parfois elle est un mal nécessaire. Elle permet à mes pensées d'aller et venir sans contraintes, de vagabonder au grè du vent, de se cogner, se frotter les unes aux autres jusqu'à ce qu'elles ressemblent à un petit texte qui viendra se coucher sur mon blog. Alors à bientôt.
10:34 | Lien permanent | Commentaires (5)