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28/07/2012

L'impossible pardon

images-1.jpgComment construire sa vie alors que l'on a vu son père tuer sa mère et tenter de poignarder sa petite sœur ? C'est là le thème de ce beau roman de Randy Susan Meyer. Deux sœurs, Louise dit Lulu, et Meredith surnommée Merry vivent, ou plutôt survivent pauvrement dans le Brooklyn des années 70, entre un père faible, porté sur la boisson et une mère très belle, totalement égocentrique. Ce petit monde cahotique s'effondre dès les premières pages lorsque Lulu ouvre à son père contre les ordres de sa mère, laissant la folie meutrière du père entrer dans les lieux et saccager sa vie et celle de sa sœur.  Le roman raconte l'existence des deux sœurs dans les années qui suivent le drame, depuis l'orphelinat où la violence règne, en passant par  la famille d'accueil d'Anne Cohen qui a décidé de les sortir de l'orphelinat, jusqu'à l'âge adulte. Lulu et Merry, très soudées,  vont chacune tenter de construire leur vie, l'aînée en rejetant son père et la cadette en jouant la bouée de sauvetage de cet homme qui dans son délire a essayé de la tuer. Un beau roman sur les séquelles de la violence faite aux enfants.

La pluie ou le beau temps ?

images.jpg“Parler de la pluie et du beau temps est le dernier refuge des gens sans imagination. "Oscar Wilde.

Tout dépend de ce que l'on entend par la pluie et le beau temps. Concernant Oscar Wilde et la société corsetée dans laquelle il vivait cela voulait certainement dire ne parler que de ce qui ne fâche pas, donc des sujets les plus banals et les plus superficiels, parler de tout et de rien. Cela voulait peut-être dire aussi parler sur les autres, médire, faire circuler des ragots, juger ceux qui ne sont pas là. Cela voulait probablement dire que nul n'était libre au sein de la "bonne société", de vivre et penser différemment des codes établis.

Parfois, je me dis que nous n'avons pas beaucoup évolué. Certes notre société a jeté son corset,et même si je ne rêve pas de retourner à l'ére victorienne, je me prends par moments à souhaiter un peu plus de raffinement ou d'élégance. Mais je m'égare et dois revenir à mon sujet. Si à l'époque d'Oscar Wilde, talentueux écrivain britanique, il y avait de nombreux sujets tabous, aujourd'hui, il y a de nombreux sujets où le "penser-comme-la-majorité" est de mise. Nous sommes dans l'époque du blanc ou noir, du oui ou non. Si je ne suis pas pour, c'est que je suis contre. Si je suis contre, selon les cas, je bascule dans le bon camp ou le mauvais. En Arabie Saoudite ou en Iran, les femmes portent une burqua, ici en Europe, nous sommes de plus en plus contraints de porter la burqua de la pensée unique. De ce fait il m'arrive bien souvent de parler " de la pluie et du beau temps" pour éviter les débats stériles où personne ne désire écouter ce que l'autre a à dire. Et c'est fort dommage car en fin de compte on reste toujours sur sa faim.

16/07/2012

Ce cher Major…

Voici une excellente lecture pour l'été, dans la même veine que le fameux Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates.

images.jpgLa Dernière Conquête du Major Pettigrew est un mélange d'humour anglais, de satire sociale et d'émotions savamment dosé.

Ernest Pettigrew est un ancien officier de l'armée de Sa Majesté la Reine d'Angleterre, veuf et l'heureux père d'un fils unique dont le manque d'idéal et de psychologie l'irritent. Le roman commence alors que le Major, digne représentant de la bourgeoisie anglaise, vient d'apprendre le décès de son unique frère, Bertie. Á ce moment-là, madame Ali, une femme d'origine pakistanaise qui tient la boutique du village d'Edgecombe Saint Mary, sonne à la porte pour lui apporter son journal. Émue par le désarroi du Major elle se montre pleine de solicitude et de gentillesse. Dès lors les yeux du Major se dessillent : il découvre en cette femme, veuve également, une communion d'esprit qu'il ne partage avec aucun des habitants du village. Mais voilà que cette complicité heurte la bienséance. Le Major, pris dans de multiples tribulations, devra faire un choix. J'ai savouré ce premier roman d'Helen Simonson. Le Major est armé d'un humour pince-sans-rire à toute épreuve. Son regard sur les mœurs de son village anglais, sur l'étroitesse d'esprit, le racisme qui cache son nom, est d'une acuité féroce. Avec une grande finesse psychologique l'auteure peint les relations des personnages entre eux, les luttes intérieures du Major, la vacuité de certaines amitiés. Ainsi découvre-t-on l'ambiguité des rapports du Major avec son fils Roger, et sa difficulté, en bon anglais, à laisser voir ses émotions. Il y a de très beaux passages, une réelle profondeur d'analyse, des rebondissements et une grande légèreté pour donner vie à tout cela. Ainsi que le dit la quatrième de couverture : " Le lecteur finit vraiment par tomber amoureux du major Pettigrew "et j'ajouterai, de madame Ali.

Je vous livre deux petits extraits :

" Il trouva le docteur d'une raideur frôlant la rigidité cadavérique. Il était bel homme(…) mais il avait la tête un peu petite et plantée très haut, en l'air, comme si le personnage avait peur de son propre col de chemise. "

" L'amour(…), c'est quand une femme chasse toute pensée lucide de ton esprit, quand tu es incapable d'échafauder des stratagèmes de séduction et quand les manipulations habituelles t'échappent, quand tous les plans soigneusement élaborés n'ont plus aucun sens et tout ce que tu peux faire, c'est rester muet en sa présence. "

J'espère que vous partagerez avec moi le plaisir de cette lecture.