13/10/2009
Le monde de Margotton
Peut-être l'avez-vous déjà rencontrée au coin d'une rue, ou dans sa boutique de fleurs. C'est une jeune vieille aux cheveux poivre et sel. Ses lunettes dorées posées au sommet de son crâne lui font une sorte de diadème. Elle porte toujours un large tablier pour éviter de se tacher lorsqu'elle s'occupe de ses fleurs. Elle se prénomme Margotton.
Elle a adopté un chat, un bon vieux chat de gouttière qui veille d'un œil jaloux sur les fleurs du magasin. Elle l'a appelé Merlin, parce que, dit-elle, quand il attrape une souris, il croit qu'elle va se transformer en fée. Il devrait se rendre compte qu'en fait de fée, il en a une sous la patte, en permanence. Oui, Margotton est une fée. Pas une fée du logis, certes. Chez elle, il vaut mieux apprivoiser les moutons qui se tapissent sous les chaises que de tenter de les éradiquer.
Mais où en étais-je ? Ah ! Oui, Je disais que Margotton est une fée. Aucune fleur ne lui résiste. La plus simple, la plus ordinaire se transforme en princesse sous ses doigts agiles. Et puis, elle est une fée du langage. Tout est prétexte pour elle à raconter des histoires. Le mercredi, ma fille passe des heures dans sa boutique à l'écouter broder sur un nuage qui passe ou un coup de vent soudain. C'est ainsi qu'elle a entendu parler des frères pingouins qui se prenaient pour des hirondelles. Las du froid de la banquise, ils avaient décidé de partir pour l'Afrique. Un matin, Margotton les avaient découverts, perchés sur les fils du téléphone, fébriles, attendant l'arrivée des hirondelles prêtes à quitter les frimas de l'Europe. "Je ne sais pas quand ils reviendront, avait-elle précisé. J'ai peur qu'ils n'aient trop chaud. Je ne suis même pas certaine qu'ils aient pris leur maillot. "
En attendant leur hypothétique retour, Margotton leur prête mille aventures dans l'Afrique enchantée. Bon, en y regardant de près, on se rend compte qu'elle manque de quelques notions de zoologie. En effet, elle pense que nos deux pingouins ont fini leur voyage dans la poche d'un kangourou. Un kangourou, en Afrique ! Je crois plutôt qu'ils ont rencontré une girafe au long cou et un éléphant qui trompe énormément. Au cœur de l'Afrique torride cela n'aurait rien d'étonnant.
Mais est-il besoin que je rectifie ses erreurs ? Ce qui compte, c'est l'enthousiasme de ma fille qui l'écoute comme si elle était le dernier oracle sur terre, et a tendance à l'imiter. Être fée n'est pas héréditaire. On peut naître femme ou homme ordinaire, et mettre au monde une fillette que la voisine transformera en fée. Ce qui importe alors, c'est de ne pas briser la baguette magique par excès de rationalisme. Allez, Margotton, continue à conter des histoires à ma fille, et que d'humaine ordinaire, elle devienne une fée qui enchantera tous ceux qu'elle croisera.
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11/10/2009
Feu de joie
Quoi de plus fascinant pour des enfants que de jouer avec le feu, ceci dit au sens propre. Durant l'été nos trois gaillards s'étaient transformés en pirates mais n'avaient pu jouir du bonheur de faire une petite flambée. C'est interdit à cause des risques d'incendie. Aujourd'hui, l'été s'en est allé et même si l'automne en garde quelques nuances, la température n'interdit plus que l'on fasse, prudemment, un joli feu de bois. Alors les voilà armés d'une boîte d'allumettes, préparant un foyer : deux grosses pierres pour installer les aiguilles de pin et le petit bois, quelques planches pour couper le léger courant d'air, et un seau d'eau, au cas où le feu aurait des velléités d'indépendance. Les aiguilles et le bois sont bien secs et la flamme s'élance rapidement vers le ciel. L'odeur se répand dans le jardin, imprègne leurs vêtements. Chacun alimente le foyer car les aiguilles se consument en moins de temps qu'il n'en faut pour les ramasser. " Et si on fumait ? " propose l'un d'entre eux. Et ils roulent une feuille de papier qu'ils remplissent d'aiguilles de pin et allument avec le feu. On les dirait armé d'énormes "chichons". ( Espérons que ce seront les seuls qu'ils connaîtront jamais. ) Ils choisissent ensuite des morceaux de bambou creux qu'ils brûlent à la flamme. Ils sont fiers comme Artaban avec leurs longs fume-cigarettes plus proches de la préhistoire que du XXIeme siècle. Quand la journée s'achève, ils ont les mains noires, le museau plein de suie, ils dégagent une odeur forte d'hommes des bois et ils ont un sourire éclatant : celui de ceux qui ont vécu une grande aventure !
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10/10/2009
Prix Nobel de la Paix
Avant que l'on annonce qu'Obama avait reçu le prix Nobel de la Paix, je m'étais dit qu'il le recevrait. Pourquoi ai-je eu cette intuition ? Je n'en sais rien à vrai dire. Peut-être est-ce parce que comme pour les distributions des prix d'autrefois, il y en a qui raflent tous les premiers prix. Les grosses têtes, les premiers de classe. Et Obama a un côté fils de bonne famille et premier de classe. Donc, c'était normal qu'on lui attribue le premier prix. Ridicule bien sûr. On ne donne pas un tel prix sur la bonne mine de quelqu'un, on le donne sur les choses accomplies. Or, pour le moment Obama a fait ce qu'il a pu mais n'est-ce pas un peu tôt pour lui offrir une telle distinction ? J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié l'humilité avec laquelle il a reçu la nouvelle. Non seulement il ne s'y attendait pas, mais il n'avait pas l'air de comprendre que le comité Nobel ait fait un tel choix. J'espère que ce prix, en le mettant encore plus sur le devant de la scène ne lui portera pas préjudice. C'est comme si on lui tendait un piège. Maintenant qu'il est "nobélisé", il n'a plus droit à l'échec dans sa politique internationale. Le conflit israëlo-palestinien, l'Irak, l'Afghanistan. Il doit d'ici trois ans avoir tout réglé, sinon ce sera l'hallali.
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