Poésie du quotidien

 

 

Ce matin j'ai écouté sur France Culture une émission sur la correspondance de Guillaume Apollinaire et Lou. Des lettres d'une incroyable beauté écrites à une femme qu'il ne vit que trois fois, qui ne lui avait laissé aucun espoir, et qui n'était pas vraiment sensible à la poésie. Des lettres crues, flamboyantes. En écoutant cela, je me disais que mon amour pour l'homme qui partage ma vie pouvait paraître bien fade, soumis au train train quotidien, tristounet peut-être. Une vie de couple très ordinaire, celle de monsieur et madame Tout le Monde, coincée entre le travail, les enfants, la maison, la vie sociale. Et une soudaine tristesse m'a envahie. La vie me paraissait grise, fatigante, décevante, décourageante même. Devant la machine à laver le linge, j'ai mis en parallèle mes tâches de ménagère et la vie de Lou ou d'autres femmes dites libres. Libres, oui, de toute contrainte, de toute fidélité, de tout engagement. Libres au fond de vivre égoïstement. Les travaux répétitifs, prendre soin du linge, faire la cuisine, veiller à la propreté des lieux, donner de mon temps pour le bien-être de ceux que j'aime a-t-il de la valeur ? Cette tristesse poisseuse m'est alors apparue pour ce qu'elle était : un piège. Elle teintait de gris toute mon existence, ôtait son éclat à chaque instant de ma vie. Or, me suis-je dit, tout dans la vie peut être joie, poésie, pourvu que l'on accepte de changer son regard. Étendre du linge parfumé dans le jardin, le voir baigné par le soleil de printemps, étaler une pâte à tarte, sentir sous mes doigts sa souplesse, couper des fruits pour faire une salade, entendre le merle siffler, tout cela est immensément poétique si j'accepte d'en déceler la beauté. Donner aux autres du bonheur, des rires, une écoute, et recevoir en échange leur tendresse, leur reconnaissance est d'une richesse infinie qui vaut bien toutes les fausses libertés du monde.

J'ai repoussé ces idées noires, laissant à Apollinaire sa magnifique mélancolie, et j'ai choisi de sourire à ma vie de femme ordinaire comme il en existe des millions de par le monde.

Happy new year !

Il y a un an on se souhaitait une bonne année avec sincérité et enthousiasme. Au 31 décembre de l'année ainsi fêtée on peut faire le bilan. Et là, tout dépend de chacun : le verre (de champagne bien sûr ! ) est-il à moitié plein ou à moitié vide?  Se réjouit-on des épreuves surmontées et de la joie de la victoire ou pense-t-on que tout a été si difficile qu'il faut une loupe pour découvrir un minuscule morceau de bonheur ?

Certes, tout n'est pas aussi simple et parfois, certains luttent pour garder le sourire parce que ce sourire est leur dernière raison d'exister. Si même le sourire nous est ôté, à quoi bon poursuivre ? Mais souvent, ce sourire, pour exister a besoin des autres.

On m'a raconté l'histoire d'un homme qui a perdu la vue à 20 ans. Cette cécité brutale ne l'a pas empêché de faire des études et de devenir psycho-motricien. Il a raconté qu'un jour, alors qu'il s'apprêtait à traverser une rue, armé de sa canne blanche, il a senti une main amicale lui saisir le coude. Une voix inconnue lui a dit : " Je vais vous aider à traverser. " Parvenu de l'autre côté de la rue, notre homme a remercié celui qui l'avait aidé.

Voici quelle fut la réponse : " C'est moi qui vous remercie. Je suis SDF et vous m'avez permis d'exister un instant en me rendant utile. " Notre aveugle précise que s'il avait été bien voyant il n'aurait eu aucun contact avec ce SDF. Sa cécité lui permet des rencontres qu'il n'aurait jamais faites s'il avait conservé la vue. Elle est pour lui source de richesses. Cela m'a beaucoup interpellé.

Allez, bonne année à toutes et à tous et à l'année prochaine.

Joyeux Noël

 

Á toutes mes lectrices, à tous mes lecteurs, fidèles ou occasionnels, je souhaite un Joyeux Noël.

Que la paix et l'amour du Christ, que vous le connaissiez ou pas, vous accompagne chaque jour.