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22/03/2009

La fée Lucette

Aujourd'hui je veux parler d'une personne relativement vieille Je ne dirai pas son véritable nom de peur qu'on ne la reconnaisse, même si je ne veux en dire que du bien. Pour l'occasion, je la nommerai Lucette. Pourquoi Lucette et pas Jeannine ou Rose ? Parce que Lucette veut dire petite lumière et que c'est ce qu'elle est. Elle est toute ronde, des joues rondes, des bras ronds, des cheveux en auréole frisée sur sa tête, des lunettes rondes, des yeux ronds d'enfant étonnée, et un immense cœur tout rond. Elle est souvent un "Saint Jean Bouche d'or", c'est-à-dire qu'elle sait poser la question qui dérange, faire la remarque que chacun s'était abstenu de faire. Non par manque de tact, mais parce qu'elle aborde la vie avec la même simplicité qu'un enfant. Elle est lucide sur son âge, sur le fait que vieillir n'est pas facile, que les beaux jours où elle pouvait courir et sauter sont loin derrière elle. Cependant elle est encore débordante d'enthousiasme pour les autres, pour ce qu'elle apprend à travers la télévision, la radio ou la lecture.  Elle me fait penser aux fées de La Belle au bois dormant, ce dessin animé de Walt Disney ou les marraines de la belle Aurore sont rondes et pleines d'énergie. Il ne lui manque que la baguette magique, et probablement que comme tout un chacun, elle aimerait parfois en posséder une pour transformer les chagrins en joies et les croque-mitaines en charmants jeunes hommes. Seulement, elle n'a pas de baguette, seulement sa grande générosité qui fait qu'on a envie de l'embrasser sur ses joues rondes et de la serrer dans nos bras quand on comprend qu'elle a mal à son cœur tout rond. 

20/03/2009

L'enfer est pavé de bonnes intentions

Avant-hier, il faisait un merveilleux temps de printemps. Pas de vent, grand soleil, température quasiment estivale. Le rêve. Ça y était, l'hiver était enfin fini. Tout ceci pour en venir où ? Á mon ado chéri. Hier matin, à son départ pour le collège, il a humé l'air matinal et a décidé que désormais il n'avait plus besoin d'anorak. Le voilà donc parti, nez au vent (qui n'était pas levé) légèrement vêtu d'une chemise en coton lui découvrant le nombril et d'un gilet plus décoratif qu'efficace. Lorsqu'à mon tour je mis le nez dehors, je découvris que le vent s'était levé, que des nuages arrivaient et que l'air avait considérablement fraîchi. Adieu douceur printanière de la veille. Que pensez-vous que je fis ? Je ne pouvais laisser mon ado chéri se geler toute la journée ! Je l'imaginais grelottant, appuyé sur un mur exposé au soleil, attendant la fin de l'interminable récréation. Je fis donc ni une ni deux, je m'emparai de son anorak et au volant de ma p'tite auto, je volais courageusement à son secours. Direction le collège. Tandis que je roulais et croisais des flots de manifestants armés de banderoles, je commençais à douter. Peut-être que mon gugus n'allait pas apprécier mon initiative. Pensez-donc, il aurait l'air du fifils à sa maman poule qui savait pas lui lâcher les baskets (neuves en l'occurrence). Parvenue au collège, je me garai, sortis avec l'anorak à la main, hésitai. Quelques jeunes groupés devant l'établissement durent se demander ce que je faisais. Puis je remontai dans ma voiture, avec l'anorak, convaincue que parfois on aime mieux souffrir que d'être ridicule. Entre le froid et un anorak apporté devant ses camarades, j'étais certaine que mon ado n'hésiterait pas. Entre deux maux, il faut choisir le moindre. 

Á la fin de la journée j'ai eu la confirmation que ma bonne idée était très mauvaise. Ouf ! Nous l'avons échappé belle. J'ai frisé l'incident diplomatique. Je comprends pourquoi l'on dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions.

19/03/2009

Sang impur de Hugo Hamilton

Aujourd'hui, j'ai très envie de vous parler d'un livre. Non, ne soupirez pas. j'aime lire, passionnément. Ce livre s'intitule Sang impur et son auteur est Hugo Hamilton, un écrivain irlandais considéré comme un des grands auteurs de ce pays. Il raconte son enfance à Dublin entre une mère allemande et un père irlandais nationaliste "pur jus" comme il l'écrit. Ce pourrait être l'enfance banale d'un enfant de l'aprés-guerre, dans l'Irlande du Sud, où malgré l'indépendance vieille de presque quarante ans, l'Angleterre est toujours présente par la langue qu'elle a laissée en héritage. Hamilton brosse les portraits de ses parents à travers une multitude d'anecdotes et de souvenirs glanés dans le journal personnel de sa mère. Cette dernière, orpheline a été élevée par son oncle et sa tante avec ses quatre sœurs. Oncle Gerd et Ta Maria sont des gens bons. Lorsque les nazis arrivent au pouvoir, ils font partie de ceux qui refusent de plier sous la botte. Ils pratiquent ce qu'ils appellent "le non silencieux" . Après la guerre, la mère d'Hamilton vient en Irlande où elle fait la connaissance de son mari. Ce dernier a, lui aussi, été orphelin de bonne heure. Il est devenu ingénieur mais est surtout tellement obsédé par l'identité irlandaise que cela confine parfois à la bêtise . Il interdit à ses enfants de parler anglais. Seuls l'irlandais et l'allemand sont autorisés. De ce fait les enfants Hamilton sont à part. Comme ils sont d'origine allemande ils sont en butte à la méchanceté d'autres enfants qui les traitent de nazis et les persécutent. De plus, ils ne peuvent jouer avec ceux qui parlent anglais. Lorsqu'ils dérogent à ces règles ils sont fouettés à l'aide d'une baguette. Le nombre de coups se décide à genoux devant la statue de la Vierge. 

Un père violent et peu conscient du mal qu'il fait. La mère est une femme étonnante qui sait apporter à ses enfants joie, tendresse et imagination. Souvent impuissante face à la violence maritale qui ne s'exerce pas sur elle, elle tente toujours d'arrondir les angles avec finesse. J'ai énormément aimé le portrait qu'Hamilton fait de sa mère. Même si l'adolescence et la révolte l'ont conduit parfois à une méchanceté gratuite, l'adulte qu'il est devenu est conscient de la femme étonnante qu'elle était. Tout ceci est écrit dans une langue simple, sans pathos, proche par moments du langage parlé. Hamilton entrelace ses pensées, ses réactions d'enfant avec les souvenirs de ceux qui ont partagé son enfance. Grâce à cette écriture, les souvenirs les plus banals deviennent passionnants. 

Je terminerai en vous citant un extrait du livre : 

"Quand on est petit, on peut hériter d'un secret sans même le connaître. On peut se retrouver enfermé dans le même film que sa mère, parce qu'il y a des trucs qui vous sont transmis sans même qu'on s'en rende compte. Pas juste un sourire ou une voix, mais des choses que personne ne dit jamais et qu'on ne comprend que plus tard, quand on est grand. Elles sont peut-être là dans mes yeux comme dans ceux de ma mère, et tout le monde peut les voir. Ou bien elles sont cachées dans ma voix, dans la forme de mes mains. C'est peut-être un truc qu'on porte en soi comme un objet précieux qu'on vous dit de ne pas perdre. " Hugo Hamlilton.