19/03/2009
Sang impur de Hugo Hamilton
Aujourd'hui, j'ai très envie de vous parler d'un livre. Non, ne soupirez pas. j'aime lire, passionnément. Ce livre s'intitule Sang impur et son auteur est Hugo Hamilton, un écrivain irlandais considéré comme un des grands auteurs de ce pays. Il raconte son enfance à Dublin entre une mère allemande et un père irlandais nationaliste "pur jus" comme il l'écrit. Ce pourrait être l'enfance banale d'un enfant de l'aprés-guerre, dans l'Irlande du Sud, où malgré l'indépendance vieille de presque quarante ans, l'Angleterre est toujours présente par la langue qu'elle a laissée en héritage. Hamilton brosse les portraits de ses parents à travers une multitude d'anecdotes et de souvenirs glanés dans le journal personnel de sa mère. Cette dernière, orpheline a été élevée par son oncle et sa tante avec ses quatre sœurs. Oncle Gerd et Ta Maria sont des gens bons. Lorsque les nazis arrivent au pouvoir, ils font partie de ceux qui refusent de plier sous la botte. Ils pratiquent ce qu'ils appellent "le non silencieux" . Après la guerre, la mère d'Hamilton vient en Irlande où elle fait la connaissance de son mari. Ce dernier a, lui aussi, été orphelin de bonne heure. Il est devenu ingénieur mais est surtout tellement obsédé par l'identité irlandaise que cela confine parfois à la bêtise . Il interdit à ses enfants de parler anglais. Seuls l'irlandais et l'allemand sont autorisés. De ce fait les enfants Hamilton sont à part. Comme ils sont d'origine allemande ils sont en butte à la méchanceté d'autres enfants qui les traitent de nazis et les persécutent. De plus, ils ne peuvent jouer avec ceux qui parlent anglais. Lorsqu'ils dérogent à ces règles ils sont fouettés à l'aide d'une baguette. Le nombre de coups se décide à genoux devant la statue de la Vierge.
Un père violent et peu conscient du mal qu'il fait. La mère est une femme étonnante qui sait apporter à ses enfants joie, tendresse et imagination. Souvent impuissante face à la violence maritale qui ne s'exerce pas sur elle, elle tente toujours d'arrondir les angles avec finesse. J'ai énormément aimé le portrait qu'Hamilton fait de sa mère. Même si l'adolescence et la révolte l'ont conduit parfois à une méchanceté gratuite, l'adulte qu'il est devenu est conscient de la femme étonnante qu'elle était. Tout ceci est écrit dans une langue simple, sans pathos, proche par moments du langage parlé. Hamilton entrelace ses pensées, ses réactions d'enfant avec les souvenirs de ceux qui ont partagé son enfance. Grâce à cette écriture, les souvenirs les plus banals deviennent passionnants.
Je terminerai en vous citant un extrait du livre :
"Quand on est petit, on peut hériter d'un secret sans même le connaître. On peut se retrouver enfermé dans le même film que sa mère, parce qu'il y a des trucs qui vous sont transmis sans même qu'on s'en rende compte. Pas juste un sourire ou une voix, mais des choses que personne ne dit jamais et qu'on ne comprend que plus tard, quand on est grand. Elles sont peut-être là dans mes yeux comme dans ceux de ma mère, et tout le monde peut les voir. Ou bien elles sont cachées dans ma voix, dans la forme de mes mains. C'est peut-être un truc qu'on porte en soi comme un objet précieux qu'on vous dit de ne pas perdre. " Hugo Hamlilton.
11:59 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Tiens, les secrets de famille dont il semble être question dans ton extrait... ça me parle (non que j'en sois même "victime"), par rapport à des conversations que nous avons eues à ce sujet.
Sinon, plutôt que de me prêter tous ces livres fabuleux que tu lis, j'ai pensé à unemeilleure idée : tu ouvres ta bibliothèque et j'en serai la première adhérente!
bisous
Écrit par : Delph | 19/03/2009
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