220253

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/03/2009

Ma petite machine

J'ai rêvé d'une machine à réminiscences et à souvenirs. Elle est toute petite pour tenir dans une poche. Elle est ronde pour ne pas blesser. Elle est couleur arc-en-ciel pour s'adapter aux humeurs de chacun. On la sort de temps en temps lorsque, soudain, quelque chose du passé tente de s'extraire  d'un trou de mémoire. Elle sert pour les petits oublis comme pour les oublis vertigineux. Une date d'anniversaire que l'effaceur du temps a ôté de notre calendrier intérieur. Un événement qu'un parfum exhume de nos monceaux de bons moments. Un poème que l'on tant et tant de fois récité et qui se dérobe malicieusement quand on voudrait l'offrir à un ami. Un malaise qui nous saisit sans que l'on sache pourquoi et qui vient de très très loin dans le passé. Cette machine sert à recoller les morceaux épars, à assembler les pièces d'un puzzle. Elle fonctionne simplement à l'aide d'un bouton en forme de point d'interrogation. On appuie sur le bouton, et un papier s'imprime, comme pour les cartes bancaires. Sur ce papier le souvenir reprend vie, on le lit, on le savoure, on le déguste, on l'avale et on repart avec la  joie au cœur ou un soulagement intense. Et les mauvais souvenirs, me direz-vous ? Ceux-là n'ont pas besoin de ma machine pour refaire surface. Ils manquent de tact et s'imposent à nous, même si nous ne les avons pas invités à entrer. Alors il faut accepter d'en faire du compost pour enrichir nos vies et élargir notre vision du monde. 

25/03/2009

Le "S"

images.jpegSouple, sensible, entre le R rigide et le T entêté, le S se glisse dans les sons suaves de mes stances.

S,S,S, soupire sourdement mon cœur,

S comme silence,

S, comme sourire.

S, serpent espiègle qui saisit mon âme puis s'étend secrètement

Sur le sable de mes songes.

SSS, susurre le S sur le sombre sentier de la solitude, 

Avant de savourer, soudain, le souvenir du seringat en fleur.

Stupeur, instant saisissant pour le S qui s'étonne d'être source de vie, 

Et source de soleil. 

24/03/2009

Clandestin (suite et fin)

J'ai écrit il y a quelque temps à propos d'un africain clandestin dont nous avons croisé la route et que nous avons tenté d'aider 

images.jpeg

avec nos petits moyens. Quand je dis nous, j'entends par là un nombre important de personnes.

Ce matin, à 6h il a pris l'avion pour rentrer chez lui, seul avec pour unique fortune deux énormes valises, quelques euros, des dents refaites et un dos fragile. Et dans ce corps immense un cœur en miettes. En effet, une autre forme d'exil l'attend là-bas. Sa famille est dispersée  entre l'Allemagne et les Etats-Unis. Il lui reste un cousin proche, peut-être quelques amis. Alors qu'il rentre avec un sentiment d'échec, aucune perspective d'avenir, il sait que son retour va susciter des envies et un défilé de pique-assiettes dont la tradition le rendra prisonnier. Dans l'avion le poids du chagrin n'est pas pris en compte, heureusement. Son seul atout est sa foi en Dieu qui n'abandonne pas ses enfants. La foi peut déplacer les montagnes, puisse la sienne lui permettre de retraverser les océans comme il le désire.