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30/01/2009

Les lunettes roses de ma grand-mère

VENDREDI 30 JANVIER 2009

Les lunettes roses de ma grand-mère
Ma grand-mère portait autour du cœur une paire de lunettes roses. Des lunettes roses en forme de cœur, comme Susie Morgenstern. Elle les utilisait chaque fois que l'ombre d'une critique pesait sur un des membres de sa couvée, lorsque soudain le visage aimé se colorait d'un vilain gris ou d'un beige tristounet. Un tel était-il décrit comme un égoïste, elle le disait simplement personnel. Déplorait-on le caractère dépensier d'un autre, elle parlait de sa prodigalité. Un excès de ventre s'expliquait par un amour des plaisirs de la vie. Certes, elle était capable de voir les travers de tout un chacun, mais reconnaître leur réalité aurait été pour elle un manque d'amour. De même qu'une mère considère, dans son aveuglement, comme le plus beau des enfants un laideron, elle n'imaginait pas être critique à l'égard de ceux qu'elle rassemblait sous ses ailes protectrices.  Il est probable que dans le privé, en tête-à-tête, elle ait exprimé des reproches et donné des conseils, mais hors de ce cercle intime, elle prenait le parti de l'amour aveugle. Optimisme béat ? Je ne crois pas. C'était une philosophie. Ayant épousé un homme pessimiste, elle avait dû saisir à bras le corps toutes les raisons d'aimer la vie et les autres, en dépit des épreuves et des défauts.

Grève

JEUDI 29 JANVIER 2009

Grève
Il y a longtemps, ce mot concernait la mer ou les abords d'un fleuve ou d'une rivière. Il évoquait un terrain plat constitué de sable et de gravier. Ce sens perdure aujourd'hui, où l'on peut marcher sur la grève le long de la mer.
Á Paris, les ouvriers attendaient l'embauche sur les bord de la Seine, en un lieu appelé la place de Grève, qui était une plage de sable et de gravier. Donc, le mot grève était associé au travail. Être en grève signifiait " chercher du travail". Puis le sens a évolué et vers 1848 le mot grève a pris le sens de" cessation volontaire et collective du travail". On disait : mettre un patron en grève. Aujourd'hui il existe  de nombreux types de grève, jusqu'à la grève de la faim. La grève est un moyen de faire pression quand tous les autres moyens d'obtenir quelque chose ont échoué, et elle a souvent fait ses preuves.
En France la grève est un phénomène récurrent, qui peut perdre de son efficacité, comme un antibiotique trop souvent administré. Cependant il semblerait que nous ne soyons qu'au dixième rang des pays où s'exerce le droit de grève, le premier étant le Danemark. Chose étonnante tant on nous dit et redit que la France est le pays des grèves tous azimuts. 
La grève permet aux média d'avoir du grain à moudre. 
Qu'en pense le quidam ? On l' interroge dans la rue : il y a le quidam qui râle, celui qui est d'accord, celui qui s'en fiche.  Suivent les éternels débats sur le nombre de participants aux différents défilés. Là personne n'est d'accord. Bref, cinq bonnes minutes d'interviews et de commentaires creux, ça vous remplit un journal, tant il est vrai qu'il ne se passe rien de plus intéressant sur terre. Tout à coup Gaza, les victimes de la tempête, l'Irak, ce qui faisait les gros titres, passe à l'arrière plan quand ce n'est pas aux oubliettes. Qui parle du Darfour ou du Soudan ?
Bien sûr,  loin de moi l'idée de remettre en cause notre droit imprescriptible ! Aller dans la rue, débrayer au travail peut faire bouger les fossiles les plus fossilisés, on le sait. La grève du 29 janvier est surtout la manifestation d'une colère générale. Elle a sa raison d'être et regroupe des personnes de tout bord.  Il n'empêche,  rapportée à l'échelle de la planète, quelle que soit son importance, elle ressemble à une tempête dans un verre d'eau.

Silence

MERCREDI 28 JANVIER 2009

Silence
J'aime le silence. Ce temps où rien n'interfère avec ma pensée. Ce temps léger où ni la radio, ni l'ordinateur, ni la musique dans la chambre des enfants, dans les bus et les  supermarchés ne vient grésiller à mes oreilles ? Ce silence, je le choisis  face au flux continu des bruits du monde et des blablas qui s'imposent à moi.
Il peut être peuplé de mille sons, chant d'oiseaux, souffle du vent, train qui passe au loin, battements de cœur, mais c'est tout de même le silence. Il est comme un jardin extravagant dans lequel je peux déambuler à ma guise. J'y entends vibrer mes rêves, chanter mes projets, battre le cœur de Dieu. C'est un silence paré de couleurs extraordinaires. J'y construis des histoires, j'y relis des livres, j'y ressource mon âme. C'est un silence qui irrigue ma vie et me prépare à replonger dans les journées trépidantes, les rencontres, les découvertes. Le silence est une parenthèse d'attente active.