14/02/2009
Le placard aux trésors
Dans la maison de mes grand-parents, il y avait un long couloir au sol recouvert de parquet de chêne qui grinçait toujours au même endroit. Il fallait s'en souvenir lorsque nous jouions au roi du silence. Les cinq chambres qu'il desservait donnaient sur le jardin. Deux autres chambres s'ouvraient sur l'arrière du jardin où un énorme figuier nous servait de perchoir et de lieu de gourmandise.
Mais revenons à ce couloir. Il était sombre. Entre chaque porte de chambre mes grands-parents avaient installé des placards où, au fil des ans, s'étaient accumulés mille trésors. Vieux chapeaux et vaisselle mise au rebut. Mais cela ne m'intéressait pas vraiment. Ce que j'aimais par-dessus tout, c'était le haut d'un placard situé à droite de l'entrée conduisant au jardin. Dans ce placard dormaient des livres. Bibliothèque verte du temps de l'enfance de mon père, livres pour la jeunesse qui n'attendaient que moi pour revivre. J'ai passé trois années scolaires dans cette maison. Je préférais mille fois lire les Trois mousquetaires ou le Bossu que de me pencher sur le Théorème de Pythagore. Que de bonheurs ainsi dégustés ! Ces livres me faisaient oublier l'école et les amitiés blessantes. Je me rappelle particulièrement un de ces livres. Longtemps, j'ai cru qu'il se nommait La révolte des jouets de Nuremberg. Des jouets désertaient les vitrines et les placards des maisons pour punir une ville qui avait toléré l'injustice faite à son plus aimable citoyen. J'en avais un souvenir magique. Lorsque ma grand-mère est morte, j'ai récupéré quelques-uns de ces livres. Des années plus tard j'ai réalisé que j'avais emporté celui que je cherchais en vain sur Internet. Il s'intitule Le Noël de Benno. Quand je l'ai relu, en décembre dernier, je me suis replongée dans la joie de mon enfance. Les jouets étaient toujours en révolte, et la vérité finissait par l'emporter. C'est un peu ma Madeleine, elle a le goût des soirées solitaires et du bonheur de lire.
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13/02/2009
Grève, suite.
Près de trois semaines après la grève du 29 janvier, force m'est de constater qu'il s'agit de beaucoup plus qu'une tempête dans un verre d'eau. La colère a gagné les DOM_TOM. Après la Guadeloupe, la Martinique est paralysée et l'île de la Réunion est en incubation comme le disait un journaliste de France Inter. Nous semblons nous diriger, lentement mais sûrement vers un embrasement. Le gouvernement saura-t-il entendre la colère et les inquiétudes nombreuses des français, ou allons-nous vivre un MAI 68 Bis ? Décidément le monde semble pris de folie et ceux qui prétendent le soigner sont atteints de cécité. Ils ne portent pas de lunettes roses, mais des lunettes écran total qui les obligent à naviguer au hasard.
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12/02/2009
Une parenthèse de fraternité
Je suis allée écouter un homme, nommé Henry Quinson, qui, à l'âge de 28 ans a décidé d'abandonner un poste de traider fort lucratif pour la vie monastique. Après quelques années passées dans un couvent cistercien il a fondé une communauté de moines dans une cité HLM des quartiers nord de Marseille. Là, sans prosélytisme, lui et ses compagnons ont tissé des liens d'amitié et de fraternité avec les musulmans de ce quartier. Ils ont mis en place un soutien scolaire à l'intention des enfants. Ils sont totalement immergés dans cette cité où ils sont connus pour ce qu'ils sont : des chrétiens engagés dans une vie de don de soi. Cet homme était touchant à cause de sa simplicité et de sa modestie. Il ne désire pas être une référence ou un modèle à suivre. " D'autres que moi font des choix aussi radicaux, et personne n'en parle. " On le sent pressé de retourner à ce qui est le plus important pour lui, à savoir ce qu'il vit dans ce quartier.
Je trouve que ce genre de témoignage fait du bien. On nous parle tant de ce qui va mal, des choses atroces commises çà et là, qu'on finit parfois par désespérer de l'humanité. Ces personnes sont des parenthèses de fraternité et elles consolent du reste, elles nous invitent à lever les yeux plus haut. Oui, le monde est fou, mais au cœur de cette folie il existe des gens encore plus fous qui font le pari de l'amour.
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