24/03/2009
Clandestin (suite et fin)
J'ai écrit il y a quelque temps à propos d'un africain clandestin dont nous avons croisé la route et que nous avons tenté d'aider
avec nos petits moyens. Quand je dis nous, j'entends par là un nombre important de personnes.
Ce matin, à 6h il a pris l'avion pour rentrer chez lui, seul avec pour unique fortune deux énormes valises, quelques euros, des dents refaites et un dos fragile. Et dans ce corps immense un cœur en miettes. En effet, une autre forme d'exil l'attend là-bas. Sa famille est dispersée entre l'Allemagne et les Etats-Unis. Il lui reste un cousin proche, peut-être quelques amis. Alors qu'il rentre avec un sentiment d'échec, aucune perspective d'avenir, il sait que son retour va susciter des envies et un défilé de pique-assiettes dont la tradition le rendra prisonnier. Dans l'avion le poids du chagrin n'est pas pris en compte, heureusement. Son seul atout est sa foi en Dieu qui n'abandonne pas ses enfants. La foi peut déplacer les montagnes, puisse la sienne lui permettre de retraverser les océans comme il le désire.
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22/03/2009
La fée Lucette
Aujourd'hui je veux parler d'une personne relativement vieille Je ne dirai pas son véritable nom de peur qu'on ne la reconnaisse, même si je ne veux en dire que du bien. Pour l'occasion, je la nommerai Lucette. Pourquoi Lucette et pas Jeannine ou Rose ? Parce que Lucette veut dire petite lumière et que c'est ce qu'elle est. Elle est toute ronde, des joues rondes, des bras ronds, des cheveux en auréole frisée sur sa tête, des lunettes rondes, des yeux ronds d'enfant étonnée, et un immense cœur tout rond. Elle est souvent un "Saint Jean Bouche d'or", c'est-à-dire qu'elle sait poser la question qui dérange, faire la remarque que chacun s'était abstenu de faire. Non par manque de tact, mais parce qu'elle aborde la vie avec la même simplicité qu'un enfant. Elle est lucide sur son âge, sur le fait que vieillir n'est pas facile, que les beaux jours où elle pouvait courir et sauter sont loin derrière elle. Cependant elle est encore débordante d'enthousiasme pour les autres, pour ce qu'elle apprend à travers la télévision, la radio ou la lecture. Elle me fait penser aux fées de La Belle au bois dormant, ce dessin animé de Walt Disney ou les marraines de la belle Aurore sont rondes et pleines d'énergie. Il ne lui manque que la baguette magique, et probablement que comme tout un chacun, elle aimerait parfois en posséder une pour transformer les chagrins en joies et les croque-mitaines en charmants jeunes hommes. Seulement, elle n'a pas de baguette, seulement sa grande générosité qui fait qu'on a envie de l'embrasser sur ses joues rondes et de la serrer dans nos bras quand on comprend qu'elle a mal à son cœur tout rond.
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20/03/2009
L'enfer est pavé de bonnes intentions
Avant-hier, il faisait un merveilleux temps de printemps. Pas de vent, grand soleil, température quasiment estivale. Le rêve. Ça y était, l'hiver était enfin fini. Tout ceci pour en venir où ? Á mon ado chéri. Hier matin, à son départ pour le collège, il a humé l'air matinal et a décidé que désormais il n'avait plus besoin d'anorak. Le voilà donc parti, nez au vent (qui n'était pas levé) légèrement vêtu d'une chemise en coton lui découvrant le nombril et d'un gilet plus décoratif qu'efficace. Lorsqu'à mon tour je mis le nez dehors, je découvris que le vent s'était levé, que des nuages arrivaient et que l'air avait considérablement fraîchi. Adieu douceur printanière de la veille. Que pensez-vous que je fis ? Je ne pouvais laisser mon ado chéri se geler toute la journée ! Je l'imaginais grelottant, appuyé sur un mur exposé au soleil, attendant la fin de l'interminable récréation. Je fis donc ni une ni deux, je m'emparai de son anorak et au volant de ma p'tite auto, je volais courageusement à son secours. Direction le collège. Tandis que je roulais et croisais des flots de manifestants armés de banderoles, je commençais à douter. Peut-être que mon gugus n'allait pas apprécier mon initiative. Pensez-donc, il aurait l'air du fifils à sa maman poule qui savait pas lui lâcher les baskets (neuves en l'occurrence). Parvenue au collège, je me garai, sortis avec l'anorak à la main, hésitai. Quelques jeunes groupés devant l'établissement durent se demander ce que je faisais. Puis je remontai dans ma voiture, avec l'anorak, convaincue que parfois on aime mieux souffrir que d'être ridicule. Entre le froid et un anorak apporté devant ses camarades, j'étais certaine que mon ado n'hésiterait pas. Entre deux maux, il faut choisir le moindre.
Á la fin de la journée j'ai eu la confirmation que ma bonne idée était très mauvaise. Ouf ! Nous l'avons échappé belle. J'ai frisé l'incident diplomatique. Je comprends pourquoi l'on dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
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