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13/05/2010

Elle est plus petite qu'autrefois…

images.jpgElle est plus petite qu'autrefois, légèrement voûtée. Elle marche lentement, encore plus lentement qu'autrefois. Ses cheveux sont blancs, d'un blanc éclatant, comme autrefois, car il y a longtemps qu'ils sont devenus couleur seringat. Son regard est malicieux, comme autrefois. Quand une idée amusante, un mot choquant lorsqu'elle joue au Scrabble, lui viennent à l'esprit, on voit ses yeux se plisser, son nez bouger, très légèrement, puis on entend son rire, tel un grelot, jaillir de sa gorge. Comme autrefois, elle aime écouter ou lire des histoires, les raconter à l'occasion. Pendant de nombreuses années les livres n'ont été qu'un rêve lointain que le quotidien lui rendait inaccessible. Onze enfants, huit filles et trois garçons. Peu de temps à consacrer à la lecture. Alors, elle a compensé en écoutant la radio, en cousant comme une fée, en cuisinant comme Vatel, en éduquant sa nichée en fine pédagogue. Sous sa douceur, sa patience, la fermeté, fondation solide pour construire sans détruire. Des petites phrases qui marquent à jamais : "Les lits mous font les caractères mous. " "Pour se tenir droit, laisser, toujours la place d'un chat entre le dossier et le dos. " "On ne doit jamais traîter l'autre d'imbécile. " " Inutile de jouer les moutons de Panurge. " " Il n'y a que les gens ennuyeux qui s'ennuient. " "Seul celui qui ne fait rien ne se trompe jamais. " Et puis, le droit de ne pas être d'accord, de dire ce que l'on pense, de se mettre en colère. Dame parfaite ? Non, surtout pas car, même si son époux disait de temps à autre, pour rire "C'est difficile d'être marié à une sainte ! ", elle-même nous répétait souvent : "La perfection n'est pas de ce monde. " Elle a gardé un sens étonnant de la répartie, et sait mettre les gens en boîte avec la plus extrême délicatesse, car elle n'oublie jamais de garder son sens de l'humour. Cette petite bonne femme qui avance tranquillement dans sa rue a toujours su gagner le cœur des personnes qui croisent sa route. Le boulanger, le boucher, le marchand de légumes. C'est ma mère, et je n'en changerais pour rien au monde.

09/05/2010

Une nouvelle famille

images.jpgSur le mur de notre cuisine pousse une vigne vierge, de la famille des ampélopsis.Hier, alors que je regardais par la fenêtre, j'ai été attirée par le manège d'une merlette, ou plutôt de la femelle d'un merle. Elle grattait dans le jardin, ou se perchait dans un cyprès, puis soudain s'envolait vers la vigne, rapide comme un vif argent. En y regardant de plus près je découvris que chaque fois qu'elle revenait, elle tenait quelque chose dans le bec. J'ai d'abord cru que c'était un ver de terre : le temps pluvieux leur donne l'occasion de se faire des fiestas gigantesques, et ils sortent en bande sans se méfier de leurs nombreux prédateurs. Madame merle était-elle en train de nourrir sa couvée ? J'ouvris la fenêtre et j'écoutai. Nul gazouillis, d'oisillons pas de traces. En attendant que je cesse mon petit espionnage, madame s'était installée sur un olivier et guettait ma retraite. Dès que j'eus refermé, elle se précipita vers la vigne vierge, y resta quelques secondes et repartit vive, tel un frizzbee sur la plage. J'attendis. Cela ne fut pas long. Une minute plus tard elle revint portant dans son bec une petite branche de thuya. Elle ne nourrissait pas ses petits, elle préparait son nid. Aidée de son merle elle se préparait à couver les œufs qu'elle pondrait dès que serait achevé le logis. Nous allons donc avoir des petits, des merles, un de mes oiseaux préférés, celui dont le chant me met en joie !

07/05/2010

Le sentier des peintres

images-1.jpgimages-2.jpgimages-3.jpgimages-4.jpgLe froid était moins vif ce matin, un petit vent du nord avait chassé les nuages et nous avons pu partir marcher sans craindre une averse de pluie glacée. J'aime emprunter le chemin des peintres ainsi nommé, parce que la commune a eu images-5.jpgl'excellente idée de celler des reproductions en pierre de lave des tableaux que de nombreux artistes ont peint de ce  village provençal au cours du XIX et XX siècle. Chaque tableau a été placé  à l'endroit où le peintre a dû installer son chevalet. Nous sommes descendues par un petit sentier de garrigue qui débouche sur un vieux lavoir que je n'ai jamais vu à sec. Il servait encore lorsque j'étais enfant et nous aimions aller tremper nos mains et nos pieds dans son eau froide. Une reproduction d'un tableau d'Angladon montre des femmes en train d'y faire leur lessive. Face au lavoir la maison du peintre Louis Montagné, grosse bâtisse que tout le monde au village appelait le château et dont la forêt de bambous se dresse par-dessus le mur de pierres sèches. Puis nous avons suivi l'allée de platanes dont l'ombre est tellement épaisse que le soleil a du mal à traverser les frondaisons. Au bout, une vieille ferme bordée d'une haie de seringats en fleur. Puis la plaine se déroule devant nous, traversée par un petit canal où les canards sauvages aiment nager. Seule réserve à ce paysage, la route qui mène à NÎmes se fait entendre avec force. Quel dommage cette saignée creusée  à travers la roche et qui a coupé en deux la colline. Pourtant, ce village accroché à son piton rocheux est plein de charme avec ses venelles aux calades glissantes et ses vieilles maisons dont les modestes occupants d'autrefois ont cédé la place à de plus cossus. Mais, il y a presque quarante ans, lorsque le tracé de la route fut décidé, on était plus préoccupé d'efficacité que d'esthétique. Et cette erreur est malheureusement irréparable. Alors nous marchons en faisant abstraction du bruit des voitures jusqu'à ce que la route tourne et s'éloigne du hurlement des moteurs. Il fait beau, la nature est belle et encore sauvage par endroits, malgré tout.