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30/04/2010

L'arche dans la tempête

images-1.jpgDécidément je vais encore parler de livres. C'est une manie, pourtant je n'ai jamais eu l'intention de faire un blog de "critique littéraire". Dans la bibliothèque de ma mère j'ai trouvé un roman que j'avais lu quand j'étais jeune adolescente, et dont l'atmosphère m'avais laissé un souvenir émerveillé. De quoi parlait ce roman ? J'aurais bien été incapable de le dire. Aussi m'emparais-je avec curiosité de L'arche dans la tempête d'Elizabeth Goudge, une écrivaine anglaise née en 1900 et morte en 1984 dont j'avais lu plusieurs œuvres il y a fort longtemps. Et ce roman m'a enchanté, au sens littéral du terme. Je suis tombée sous son charme, celui qu'exerce sur les personnages, l'île de Guernesey et sa nature sauvage et magnifique. Cette arche est une maison, la ferme de Bon-repos où vit la famille Du Frocq. Un jour, un étranger qui a fait naufrage y trouve refuge. Sa présence va bouleverser la vie de tous les habitants du lieu. Personnage à la figure d'ange déchu, Ranulph se laisse apprivoiser par cette famille à qui il cache presque jusqu'au dernier moment sa véritable identité. Tout est parfait dans ce roman. L'écriture est d'une richesse que, me semble-t-il, personne n'ose aujourd'hui par crainte d'ennuyer le lecteur. La nature est décrite avec une précision étonnante, et une incroyable légèreté. Les tableaux de la mer, de la campagne se succèdent faisant de l'île un personnage à part entière à la fois sombre et hospitalier que l'on rêve de pouvoir un jour arpenter. Quant aux personnages ils révèlent tous la connaissance des hommes que possède l'auteure. Rien de manichéen, de facile. La personnalité de chacun des enfants est dévoilée au fil des événements, avec profondeur et subtilité, donnant au moindre détail une importance capitale. Les adultes ne sont jamais jugés. Ils ne sont ni totalement bons ni totalement mauvais. Chacun a sa part de lumière et sa part d'ombre. Profondément humains, ils bouleversent. La vie de la famille Du Frocq est à l'image de celle de l'île : tempêtes et jours de paix, orages et éclaircies, coups de vent et embellies se succèdent. Rien n'est laissé au hasard, rien n'est dû au hasard. Cela peut paraître "nian-nian" de dire que ce livre m'accompagne encore une fois la lecture achevée, mais c'est pourtant une réalité. J'y ai trouvé une telle poésie, une telle beauté, un tel art de l'écriture que je suis frappée d'une admiration émue.

22/04/2010

Paresse

images.jpegJe deviens paresseuse, c'est certain. Ou plutôt vélléitaire, ou atteinte de procrastination aiguë. J'ai régulièrement l'intention de venir sur mon blog, d'y laisser une petite note, un clin d'œil à mes lectrices et lecteurs fidèles,et puis, la journée passe avec son cortège de contraintes, d'urgences, de menus plaisirs qui m'éloignent invariablement du clavier. Clavier, clavier, quand je pianote sur tes blanches touches, qui dis-tu que je suis ? Une enragée de l'écriture ? Une dilettante fantasque ? Un oiseau sur la branche qui va prendre son envol avant que tu n'aies dit "Ouf" ? Avoue que tu n'en sais rien. Tu n'as pas ton mot à dire. Tu attends dans une soumission sans égale que je daigne venir te caresser dans le sens du poil, que tu n'as pas d'ailleurs. Donc, je paresse, je "procrastine", je "vélléite" sans remords. D'autant moins qu'il fait ces jours-ci un temps magnifique, que les merles sifflent à plein gosier, et que lilas, coronilles, et kérrias rivalisent de parfums et m'attirent sur la terrasse pour laisser le soleil dorer ma peau après ce terrible hiver qui ne voulait pas finir. Mais je n'ai tout de même pas dit mon dernier mot. Je ne vais pas fermer boutique. La paresse n'est pas une maladie incurable, mais parfois elle est un mal nécessaire. Elle permet à mes pensées d'aller et venir sans contraintes, de vagabonder au grè du vent, de se cogner, se frotter les unes aux autres jusqu'à ce qu'elles ressemblent à un petit texte qui viendra se coucher sur mon blog. Alors à bientôt.

09/04/2010

Le Club des incorrigibles optimistes

images-1.jpgLe Club des Incorrigibles Optimistes de Jean-Michel Guénassia est le premier roman d'un jeune homme d'environ cinquante ans, ancien avocat et scénariste. Un pavé de 750 pages et un vrai bonheur.

Le roman débute à Paris, en 1980 lors des funérailles de Jean-Paul Sartre. Il se déroule ensuite à Paris  entre 1959 et 1964, exception faite des incursions dans un passé plus lointain, dans divers pays situés de l'autre côté du rideau de fer.

Une grande partie du récit nous est faite par la voix de Michel Mariani qui a 12 ans en 1959 et raconte tous les événements dont il est le protagonise ou le témoin. Une autre partie est faite par un narrateur omniscient, et concerne les membres du Club. Voilà pour l'aspect "technique".

Nous découvrons donc le jeune Michel qui aime la photo le rock et déteste copieusement l'école à laquelle il préfère le babyfoot. C'est au café-restaurant Le Balto, où il dispute des parties endiablées, qu'il va faire connaissance des membres d'un club étrange, celui des Incorrigibles Optimistes. Ces hommes, amateurs d'échecs, immigrés au passé douloureux, ont tout perdu. Désormais, leur famille c'est ce club, ce lieu où ils "s'engueulent" violemment sans que cela nuise à leurs relations, et où ils jouent aux échecs dans un silence quasi religieux. Igor, Pavel, Werner, Sacha et les autres deviennent les amis de Michel. En toile de fond de ces amitiés, la guerre d'Algérie et son lot de malheurs qui touchent Michel de près, la littérature dont il est un fervent amoureux, et le rock'n roll.

Au fil du roman on découvre les morceaux éparpillés du puzzle que constitue la vie des membres du club. Parmi ces hommes, Igor et Sacha que Michel aime particulièrement. Mais voilà, Igor hait Sacha et le traite avec mépris. Pourquoi ? Qu"est-ce qui dans la vie de ces êtres broyés par le malheur justifie cette haine ? Michel aimerait le savoir mais se heurte au silence des deux. Petit à petit les fils de l'histoire se dénouent, les pièces du puzzle se rejoignent. Un jour Michel découvre enfin pourquoi Igor hait Sacha.

J'ai beaucoup aimé la construction du roman, ses  allers-retours entre passé et présent, les personnages tous très attachants, des plus importants au plus secondaires. Tous ont de l'épaisseur, du panache. Tous sont des héros à leur façon.

Lorsque j'ai refermé ce livre, je n'ai pas pu les oublier. Je repensais à leur destin, à leurs choix, bons ou mauvais. Ils n'étaient plus seulement les amis de Michel, ils étaient devenus les miens.