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19/09/2012

Les fleurs de lune de Jetta Carleton

images.jpegAujourd'hui, je vous propose un rendez-vous avec Les fleurs de lune de Jetta Carleton. Cette dernière, à l'instar de Harper Lee, l'auteure de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, n'a écrit qu'un seul roman, une chronique familiale largement inspirée de la vie de sa famille dans le Missouri. Rien à voir avec La petite maison dans la prairie ou Les quatre filles du docteur March, bien que ces deux œuvres conservent tout leur intérêt. Non, Les fleurs de lune raconte la vie de la famille Soames, pendant la première moitié du XXe siècle. Les parents, Matthew et Callie, tous deux issus d'un milieu modeste de petits fermiers, partagent leur vie entre la ville où Matthew enseigne et la ferme dont il s'occupe avec un dynamisme à toute épreuve. Ils ont quatre filles, Jessica, Léonie, Mathy et Marie-jo la petite dernière. La première partie est un récit à la première personne fait par Marie-Jo, à propos d'une journée qui précède la fin des vacances passées chez leurs parents âgés. On y fait connaissance de ses sœurs, sauf de Mathy dont l'absence ne s'expliquera que plus tard. L'atmosphère qui règne est bon enfant. Cette journée doit avoir pour apothéose la joie d'assister à l'éclosion des fleurs de lune à la tombée de la nuit, mais une multitude de mini-événements empêchent la journée de suivre le déroulement prévu. Tendresse, humour, gaîté parcourent cette partie et nous mettent en appétit pour la suite. Et la suite n'est pas telle qu'on l'imaginait. En effet, au lieu d'un récit linéaire, suivant la marche du temps, nous sommes plongés dans différentes parties qui, bien sûr, sont liées les unes aux autres, mais qui nous brossent des portraits inattendus, profondément touchants des différents protagonistes.

Cette famille que l'on pouvait croire gentiment plan-plan, se révèle un réservoir de personnages anti-conformistes, pour certains, et plein de contradictions pour d'autres. Mais tous, sont terriblement vrais, terriblement humains. Matthew dans ses combats contre la séduction et son désir d'être fidèle à Dieu et à son épouse, Léonie, tellement sage, bonne élève qui s'avère incapable de se "dévergonder" même si elle aimerait y parvenir pour se venger. Mathy, la rebelle, la fille libre, Jessica qui par amour renonce à toute respectabilité, et Callie qui cache habilement aux siens le fait qu'elle ne sait pratiquement pas lire alors que son mari est un enseignant respecté. Et on les aime tous ! Quant aux personnages secondaires, ils sont eux aussi présentés avec délicatesse et profondeur. Rien, absolument rien, dans ce livre qui m'a fait rire et pleurer, n'est superficiel. La nature est présente, avec simplicité et magnificence tout à la fois.

Une œuvre magnifique qui restera dans mon palmarès.

NB : Pour votre information, les fleurs de lune sont des fleurs blanches assez proches des volubilis, qui s'ouvrent au crépuscule et dégagent un parfum suave. 

28/07/2012

L'impossible pardon

images-1.jpgComment construire sa vie alors que l'on a vu son père tuer sa mère et tenter de poignarder sa petite sœur ? C'est là le thème de ce beau roman de Randy Susan Meyer. Deux sœurs, Louise dit Lulu, et Meredith surnommée Merry vivent, ou plutôt survivent pauvrement dans le Brooklyn des années 70, entre un père faible, porté sur la boisson et une mère très belle, totalement égocentrique. Ce petit monde cahotique s'effondre dès les premières pages lorsque Lulu ouvre à son père contre les ordres de sa mère, laissant la folie meutrière du père entrer dans les lieux et saccager sa vie et celle de sa sœur.  Le roman raconte l'existence des deux sœurs dans les années qui suivent le drame, depuis l'orphelinat où la violence règne, en passant par  la famille d'accueil d'Anne Cohen qui a décidé de les sortir de l'orphelinat, jusqu'à l'âge adulte. Lulu et Merry, très soudées,  vont chacune tenter de construire leur vie, l'aînée en rejetant son père et la cadette en jouant la bouée de sauvetage de cet homme qui dans son délire a essayé de la tuer. Un beau roman sur les séquelles de la violence faite aux enfants.

La pluie ou le beau temps ?

images.jpg“Parler de la pluie et du beau temps est le dernier refuge des gens sans imagination. "Oscar Wilde.

Tout dépend de ce que l'on entend par la pluie et le beau temps. Concernant Oscar Wilde et la société corsetée dans laquelle il vivait cela voulait certainement dire ne parler que de ce qui ne fâche pas, donc des sujets les plus banals et les plus superficiels, parler de tout et de rien. Cela voulait peut-être dire aussi parler sur les autres, médire, faire circuler des ragots, juger ceux qui ne sont pas là. Cela voulait probablement dire que nul n'était libre au sein de la "bonne société", de vivre et penser différemment des codes établis.

Parfois, je me dis que nous n'avons pas beaucoup évolué. Certes notre société a jeté son corset,et même si je ne rêve pas de retourner à l'ére victorienne, je me prends par moments à souhaiter un peu plus de raffinement ou d'élégance. Mais je m'égare et dois revenir à mon sujet. Si à l'époque d'Oscar Wilde, talentueux écrivain britanique, il y avait de nombreux sujets tabous, aujourd'hui, il y a de nombreux sujets où le "penser-comme-la-majorité" est de mise. Nous sommes dans l'époque du blanc ou noir, du oui ou non. Si je ne suis pas pour, c'est que je suis contre. Si je suis contre, selon les cas, je bascule dans le bon camp ou le mauvais. En Arabie Saoudite ou en Iran, les femmes portent une burqua, ici en Europe, nous sommes de plus en plus contraints de porter la burqua de la pensée unique. De ce fait il m'arrive bien souvent de parler " de la pluie et du beau temps" pour éviter les débats stériles où personne ne désire écouter ce que l'autre a à dire. Et c'est fort dommage car en fin de compte on reste toujours sur sa faim.