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12/03/2010

La bâtarde d'Istanbul

images.jpegLa bâtarde d'Istanbul d'Elif Shafak jeune romancière turque, est un très beau roman plein de parfums, de couleurs de rires et de larmes.

Armanoush, une jeune fille née d'un père arménien et d'une mère américaine, divorcés alors qu'elle était toute petite, décide de partir à Istanbul sur les traces de sa grand-mère. Cette dernière fait partie des rescapés du génocide perpétré par les turcs contre les arméniens en 1915. Mustafa Kazanci, le beau-père d'Armanoush étant turc, elle loge dans la famille de ce dernier, une famille composée exclusivement de femmes, les hommes mourant tous prématurément à l'âge de 40 ans. Armanoush effectue ce pélerinage dans le plus grand secret pour n'effrayer personne et ne pas exacerber une haine jamais éteinte chez sa famille arménienne. Son beau-père n'est pas retourné dans sa famille depuis 20 ans et nous ne saurons pourquoi qu'à la fin du roman.

Le récit fait des va-et-vient entre Istanbul et les États unis, entre Armanoush et Asya, la nièce de Mustafa et les sœurs de celui-ci. On découvre au fil du récit l'histoire de la famille Tchakhmakhchian et celle des Kazanci. Petit à petit les histoires se rejoignent, les drames de chacun sont dévoilés, les secrets indicibles viennent partiellement à la lumière, les indices semés trouvent leur raison d'être. Dans cette riche galerie de portraits, les femmes ont la part belle, particulièrement les femmes Kazanci. Cependant, Elif Shafak a donné à un autre personnage une place de choix : la ville d'Istanbul. On découvre à travers les périgrinations des personnages une ville de lumière, aux foules bigarrées, aux parfums exaltants, aux musiques et aux bruits d'une richesse incroyable. Istanbul devient un personnage à part entière. La socièté stambouliote apparaît dans une diversité insoupçonnée pour qui ne possède, comme moi, que des clichés sur ce pays et ses habitants.On découvre un pays où modernité et archaïsme se côtoient, où la liberté n'est que superficielle et la répression une réalité pour qui brave le pouvoir. Entre occident et orient la Turquie semble chercher de nouveaux repères nous dit Elif Shafak. 

Pour avoir évoqué dans ce roman le génocide turc, l'auteure a été assignée en justice pour "insulte à l'identité nationale". Elle risquait trois ans de prison mais a finalement été acquittée grâce au soutien de nombreuses personnes de toutes nationalités et religions.

07/03/2010

La vague de Denis Gansel

images-1.jpgMon fils nous a demandé de louer La Vague de Denis Gansel qu'il avait vu au cinéma avec son collège. Le synopsis est le suivant : Un enseignant est chargé durant une semaine de faire travailler ses élèves sur l'autocratie. Pour les amener à comprendre que nul n'est à l'abri de la manipulation et d'une dictature, il entraîne ses élèves dans des travaux pratiques où seront utilisés tous les ingrédients de ce qui peut aider un groupe à se constituer : solidarité, appartenance à une même idéologie, un nom, des actions communes, un uniforme. Les élèves avec la fougue de leur 17 ans entrent dans le jeu avec enthousiasme. Seules deux filles manifestent des réticences et se voient rapidement frappées d'ostracisme. Le groupe se soude. Même le plus faible, le plus rejeté finit par se faire accepter et la Vague, nom du groupe, devient son unique raison d'exister.

Cependant le jeu tourne mal. La Vague échappe au professeur qui comprend qu'il doit y mettre un terme. Dans une scène de catharsis collective, il pousse les élèves dans leurs retranchements pour leur faire comprendre que la raison les a abandonnés et que pour la Vague ils seraient prêts à tuer leur meilleur ami.

Ce film est un film qui choque. On découvre un enseignant qui se laisse prendre à son jeu et apprécie l'admiration que lui vouent ses élèves au point d'oublier toute objectivité et de refuser les mises en garde. Si au bout du compte les élèves comprennent que nul n'est à l'abri de la manipiulation et du sectarisme, c'est au prix d'une fin tragique. Les acteurs, jeunes et moins jeunes sont tous excellents : les figures principales comme les seconds rôles. La mise en scène permet à la tension de monter  jusqu'au crescendo  final vraiment bouleversant. La musique colle au film. Tout ce que l'on apprend sur la vie privée des uns et des autres donnent au film une très grande profondeur. Et le message qui nous reste ne peut laisser personne indifférent.

Caillou, cascade, bateau

images.jpgJe vous livre ici un exercice de l'atelier d'écriture. Trois mots piochés au hasard, parmi une trentaine. Avec ces mots écrire un texte de façon à les mettre en relation.

Les termes Caillou, Cascade et Bateau me sont échus. Voici ce que cela m'a inspiré :

Il avait deviné pourquoi, cette fois-ci, ses parents avaient projeté de le perdre seul, sans ses frères. Une fois débarrassés de lui, le plus malin des sept, abandonner les six autres serait un jeu d'enfant. Il avait vu du coin de l'œil ses géniteurs quitter le bois où ils entassaient des fagots. Oh ! Ils avaient été discrets, pas une branche n'avait craqué sous leurs pas. Maintenant Poucet était seul et les pensées affluaient en cascade dans sa tête d'enfant. Que faire ? Rentrer en suivant le chemin que lui traçaient les cailloux qu'il avait semés derrière lui ? Tourner le dos à ses parents indignes ? Abandonner ses frères à leur triste sort ? Où aller ? Soudain il poussa un soupir, se leva et commença à marcher vers le sud. Il ne savait pas ce qu'il trouverait là-bas. il avait simplement entendu parler d'une immense étendue d'eau, sur laquelle des bateaux grands comme une église, arrivaient et repartaient à longueur de journée. Là-bas, il changerait de vie et n'aurait plus jamais besoin de cailloux blancs pour retrouver sa maison.