01/05/2009
Jeux d'enfants
J'ai traversé la place de la mairie. Les cafés avaient sorti leurs tables et les clients bavardaient tranquillement , attendris par la douceur presque estivale de cette fin d'après-midi. Les platanes écoutaient les conversations des uns et des autres tandis que les oiseaux se chamaillaient dans leurs ramures. Un petit groupe d'enfants s'amusait à "Un, deux, trois, Soleil ! " Deux fillettes et cinq ou six garçons. Ils avaient tous l'âge de jouer à ce jeu ancestral. Loin des consoles de jeux, des écrans plats et des feuilletons pour adultes. Une des fillette avait des cheveux blond-foncé, une queue de cheval et un immense sourire auquel il manquait quelques dents. Tout à coup, un des garçons l'a touchée, et hop ! tout le groupe s'est envolé sur la place en criant. La fillette à la queue de cheval riait de se savoir talonnée de près et mettait toutes ses forces à échapper à ses poursuivants. C'était rafraîchissant de les regarder, pleins de joie de vivre et d'énergie. L'enfance dans sa plus belle réalité, celle du jeu innocent où l'on apprend à perdre et à gagner.
Je serais volontiers allée les rejoindre si j'avais pu faire un bond en arrière. J'aurais eu envie de leur dire : "Ne vieillissez pas trop vite, ne laissez pas le monde qui vous entoure vous aspirer vers l'âge adulte avant l'heure, car cet âge-là dure très longtemps. "
Je n'éprouve pas de nostalgie à proprement parler. L'âge adulte a, heureusement, ses joies et ses beautés, et il est des enfances terribles où nul ne voudrait retourner. Cependant l'enfance est de plus en plus courte me semble-t-il. Je trouve cela grave. En effet c'est dans l'enfance que plongent nos racines, et si les racines sont peu profondes, notre arbre adulte risque d'être fragilisé.
Il y a des jours où l'on aimerait inverser la marche du temps, remettre des socquettes et jouer dans la cour de l'école, pour oublier, un court instant, les laideurs auxquelles nous sommes si souvent confrontés.
10:02 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
L'image des racines de l'arbre est bien trouvée et c'est une poétique métaphore de la réalité.
Bisous**
Écrit par : Delph | 01/05/2009
merci pour ces chroniques qui jalonnent nos jours - je n'ai pas toujours quelque chose à dire mais j'apprécie tes commentaires sur ton quotidien qui ressemble un peu au mien (ado excepté !) je n'ai qu'un regret, c'est qu'il n'y ait pas un moyen pour le bloggeur" de répondre aux commentaires par ce même canal - cela nous ferait une petite conversation intemporelle - Continue, ça fait du bien - Bisous
Écrit par : Françoise | 01/05/2009
Je crois que les enfants ont besoin qu'on leur dise l'importance de l'enfance, de ces moments vite perdus et effacés. Et qu'on n'ose pas - par timidité ou peur du ridicule - leur parler à coeur ouvert des sentiments, de la mémoire qu'on garde de l'enfance - c'est peut-être une erreur qu'on commet tous trop souvent.
Merci pour ce récit qui résonne.
Écrit par : Tieri B. | 04/05/2009
Les commentaires sont fermés.