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17/10/2011

America, America

Pourquoi suis-je plongée depuis quelque temps dans l'Amérique et ses problèmes inter-raciaux ? Á vrai dire je n'en sais rien. Le hasard des rencontres à la bibliothèqe y est pour beaucoup. La première fois que j'ai vraiment découvert les problèmes entre races, c'est en lisant, l'un après l'autre, sur les conseils de mon professeur de français, Le journal d'Anne Frank et Black boy de Richard Wright. Cela peut paraître curieux aujourd'hui à quelqu'un de  15 ans  et habitué à croiser dans la rue des personnes venant du monde entier. Mais quand j'avais 15 ans, en 1968, je vivais dans un monde protégé. Même la guerre d'Algérie n'était parvenue que très faiblement à mes oreilles. On avait construit dans notre village  des maisons pour "les rapatriés", une race dont je ne connaissais pas alors l'existence. Mes parents ne tenaient jamais de propos racistes si bien que j'ignorais qu'être juif ou noir pouvait être un péché impardonnable. Aussi la lecture de ces deux ouvrages m'ouvrit-elle l'esprit et depuis ce jour j'ai toujours aimé lire à ce sujet. J'ajouterai qu'outre ces lectures la mort de Robert Kennedy et celle de Martin Luther King  agirent comme des révélateurs d'un monde où tout le monde n'est pas beau et gentil. En fac je découvris Frantz Fanon, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Edouard Glissant, Mouloud Ferraoun.  Lorsque je dus choisir un sujet de mémoire pour ma maîtrise de lettres, je choisis le thème de la littérature de la décolonisation. Plus tard ce fut l'apartheid, la ségrégation aux USA, le massacre des indiens d'Amérique, les livres sur la Shoa. Récemment j'ai lu La couleur des sentiments Katrine Stocket et bien sûr j'avais dévoré voici trois ans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper lee.

Pour revenir au début de mon article, je voudrais vous parler de deux romans d'écrivaines américaines :

DownloadedFile.jpegFille noire, fille blanche de Joyce Carol Oates. C'est un roman très dur car il n'y a pas réellement d'espoir. C'est d'une part l'histoire d'une impossible cohabitation entre une étudiante blanche pétrie de bonnes intentions et de culpabilité à l'égard des noirs, et d'une étudiante noire, fille de pasteur, murée dans son rejet des autres. D'autre part, c'est aussi l'histoire de la famille blanche, dysfonctionnelle, dont le père, avocat des causes "révolutionnaires", finira sa vie en prison. Tout le récit est fait à travers la bouche de Genna qui, des années après le drame décide d'écrire ce qu'elle appelle la vérité.Ce roman est parfait tant du côté de l'écriture que de celui de la traduction, mais il laisse un goût amer. En insistant on peut trouver une faible lueur d'espoir dans l'amour inconditionnel que Genna porte à son père qui a été un père absent et inconscient de toutes les souffrances vécues par ses enfants, à cause de ses choix de vie souvent contestables.

 

DownloadedFile-1.jpegLa fille tombée du ciel de Heidi W Durrow traite des rapports blancs/noirs sous un angle tout à fait différent. Là encore l'histoire est racontée en partie par Rachel une adolescente métis aux yeux bleus, fille d'une mère danoise et d'un père noir, officier dans l'armée américaine après la guerre. Rachel est élevée par sa grand-mère noire suite au décès de sa mère et à la défection du père. Petit à petit nous découvrons l'ampleur du drame vécu par cette enfant brillante, hypersensible dont un pan de sa vie, les circonstances de la mort de sa mère,de son frère et de sa petite sœur, lui échappent totalement. Le récit alterne passages à la première personne, où Rachel raconte sa vie, ses relations avec sa grand-mère bigote, sa tante Loretta, l'ami de celle-ci, et passages à la troisième personne où nous découvrons des personnages qui gravitent autour du drame. Une histoire magnifique et bouleversante.

 

Du coup, dans la foulée, j'ai acheté La couleur pourpre  d'Alice Walker, immense succès des années 80 et Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage qui est le récit autobiographique de Maya Angélou. Je vous en reparlerai quand je les aurai lus. Á bientôt !