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03/03/2011

Trois bijoux

La grandeur d'une œuvre ne se mesure pas, heureusement, au nombre de pages imprimées, et il existe de petits livres qui touchent le cœur de façon inversement proportionnelle à leur épaisseur. C'est, à mes yeux le cas de trois opus que je n'ai pas lus simultanément, mais qui traitent tous du même thème : le choix que chacun est amené à faire face au totalitarisme.

Ils ont été publiés  à des époques très différentes, dans des lieux différents.

DownloadedFile-2.jpegInconnu à cette adresse, fut publié pour la première fois aux Etats-Unis, en 1938, par Kathrine Kressmann Taylor, une écrivaine américaine d'origine allemande. Alors que les persécutions des nazis à l'encontre des juifs font rage en Allemagne, cette nouvelle, par le truchement d'une correspondance entre deux amis, narre avec une cruauté bouleversante, les conséquences tragiques du choix de Martin Schulse en faveur d'Hitler sur son amitié profonde avec le juif américain Max Eisenstein, puis sur son  sort personnel. La correspondance bascule dans une vengeance subtile. La fin ne peut être  que tragique.

DownloadedFile-1.jpegL'ami retrouvé de Fred Uhlman parle lui aussi d'une amitié brisée par l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Un jeune juif allemand, Hans Schwartz, fils d'un médecin juif de Suttgart, se lie d'une amitié répondant à un idéal très élevé, avec Conrad Von Hohenfels, fils d'un aristocrate. L'arrivée d'Hitler au pouvoir les éloigne définitivement l'un de l'autre. Hans  émigre aux Etats-Unis pour échapper à la mort, tandis que son ami, idéaliste aveuglé par le charisme d'Hitler, embrasse avec enthousiasme les idées nazies. Le titre du roman, en large partie autobiographique, trouve son explication dans la bouleversante dernière phrase. Fred Uhlman écrivit ce livre en anglais car, après avoir fui le nazisme il refusa de parler allemand, de lire ou d'écrire en allemand. Il fut publié en Angleterre en 1971.

DownloadedFile.jpegLe dernier ouvrage dont je veux vous parler s'intitule L'heure du roi de Boris Khazanov, un médecin russe dont toute l'œuvre, censure oblige,  était publiée à l'étranger et dont certains ouvrages circulaient "sous le manteau". C'était le cas de celui qui nous intéresse, publié en 1977. Cet ouvrage, même s'il aborde lui aussi le thème du nazisme est très différent des deux autres. Ni récit autobiographique, ni roman dans le sens strict du terme, il est plutôt, à mes yeux, un récit allégorique sur toutes les formes de dictatures, sur le sens de l'honneur, le courage. Á travers l'histoire du roi d'un petit royaume envahi par l'ennemi nazi, Khazanov nous raconte l'occupation, la collaboration, la résistance, les mesures anti-juives, les camps de concentration et le courage. Une telle œuvre ne pouvait trouver sa place dans l'URSS écrasée par le communisme, car, même si l'on identifie le nazisme à travers le récit, on comprend que toutes les formes de dictatures et d'oppression sont concernées. La fin est elle aussi tragique, mais riche en espoir.

 

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