11/11/2009
Ma petite promo…
Je viens de me dire que Noël approchant, je pourrais faire, comme une grande, la "promo" du livre de contes de Noël, qu'un éditeur éclairé a publié sous mon nom à moi, oui oui, vous m'avez bien lue, mon nom à moi ! et pas à compte d'auteur, excusez-moi du peu…
Je vous présente donc la quatrième de couverture de ce recueil intitulé : Si, par une nuit de Noël… paru aux éditions Dynamots.
Il y a bien un âne ou deux qui se promènent dans ces contes, mais l’image d’Épinal s’arrête là. Avec chaque nouvelle histoire, le lecteur est plongé dans un monde différent : des animaux dans un zoo, un papy qui ne voit jamais ses petits-enfants, un garçon qui n’espère plus le retour de son père, un repas de fête avec des invités inattendus...
L'OGRE
Gauthier était arrivé dans la région, un soir d'automne. À la première ferme où il avait frappé pour trouver du travail, la femme qui avait ouvert l'avait dévisagé, les yeux écarquillés, la bouche bée, puis, lui avait claqué la porte au nez, en poussant des hurlements terrifiants. Le même phénomène s'était renouvelé dans chaque maison. Il en avait l'habitude. Même à sa naissance, la sage-femme avait failli le lâcher en le voyant. Il faut dire qu'il était fort laid. Son visage cabossé, ses oreilles légèrement pointues, lui donnaient l'apparence d'un gnome. Néanmoins, il s'était établi dans le pays où il vivait de peu. Pour subvenir à ses besoins, il coupait du bois, pour le châtelain du pays et quelques bourgeois, peu regardants sur ses qualités esthétiques. Très vite, on l'avait surnommé "l'ogre" . Or, c'est un fait établi, les ogres ne vivent pas parmi les hommes. Leur fâcheuse réputation, leur physique effrayant, les obligent à se tenir éloignés de leurs semblables, dans une cabane, au coeur de la forêt. Lorsque Gauthier passait devant les maisons, les chiens aboyaient et les volets se fermaient. Parfois, on lui jetait des pierres. Les histoires les plus cruelles circulaient à son propos. Gauthier essayait de comprendre la réaction des villageois.
. " Ils doivent croire que mon coeur est aussi laid que mon visage. "se disait-il.
Papi Daniel le repéra de loin. En trois enjambées, il atteignit la poubelle.
" Encore un laissé pour compte, dit-il doucement. Pauvre vieux, tu dois te geler. "
Il attrapa le vieux poupon dont l'oeil unique semblait le supplier, et repartit du même pas alerte, en sifflotant, sans entendre le soupir de soulagement qui jaillit du fond du panier. Arrivé chez lui, il sépara le poupon des poireaux et des carottes, et l'installa sur la table de la cuisine.
" Voyons voir, murmura-t-il, voyons ce que je pourrais faire pour toi. "
Il le retourna dans tous les sens, comme un médecin examine un patient, puis il ajouta :
" Bon, ce n'est pas si grave. On va arranger cet oeil, et raccrocher correctement le bras. Mais, il te faudra patienter quelque temps. Je vais avoir de la visite pour les vacances de Noël. "
Il attrapa le poupon, ouvrit une porte sous l'escalier, et l'envoya rejoindre l'armée d'éclopés qui séjournait là, en attendant leur résurrection. Le poupon s'abstint de protester. Il préférait le débarras à la poubelle. En plus, il avait de la compagnie, ce qui était un avantage non négligeable. Tandis que Papi Daniel s'affairait en pensant à la venue prochaine de ses petits-enfants, la cour des miracles des jouets faisait connaissance avec le nouveau venu. Le bourdonnement de leur conversation, n'était perceptible qu'à une ouïe exercée. Papi Daniel entendait parfois un murmure, mais il mettait cela sur le compte de son imagination. S'il avait tendu l'oreille, il aurait surpris des bribes de conversation.
" Un brave gars, ce papi Daniel ! Il est bien seul...Si, une fille, dans la région parisienne...Jamais de nouvelles ! Elle lui envoie les enfants pour Noël...Et blablabla, et blablabla... "
Mais, le poupon n'eut pas le temps d'en apprendre davantage, car la sonnette venait de retentir. Dans le débarras, chacun se tut.
Lorsque Timothée allait acheter du pain, il devait se rendre chez Fougasse, jamais au grand jamais chez Flûte. S’il avait besoin de chaussures, sa mère le conduisait chez Talon & fils, pas au Chat Botté. Pour les fournitures scolaires, direction Super Yeur, et non Écopoint. Et tout à l’avenant. Le village était coupé en deux. Un mur invisible séparait les amateurs de chasse de leurs adversaires. Le père de Timothée, Jean Fayol, était fleuriste. Il aimait les fleurs et le chant des oiseaux. Le père de Laura, Maurice Escampette, était le propriétaire du magasin Chasse et Pêche. Il aimait l’odeur de la poudre et le civet de sanglier. Leurs boutiques étaient le fleuron de leurs partis respectifs, et il était rigoureusement interdit à Timothée et Laura de s’amuser ensemble en dehors de l’école. Voilà pourquoi le garçon avançait, le visage renfrogné, en donnant des coups de pied dans tout ce qui se trouvait sur son chemin.
Aux abords de l’église, il fut brusquement distrait de sa morosité. Un attroupement se tenait sur la place et contemplait le clocher. Les commentaires allaient bon train :
— Ce sont des vandales qui ont fait ça !
— Plus personne ne respecte rien.
— Si c’est pas malheureux de voir ça.
Timothée se renseigna.
— Lève les yeux, petit, lui répondit monsieur Lapointe, le boucher, tu verras ce qui manque au clocher.
Timothée remarqua alors que les quatre anges de pierre qui se tenaient habituellement aux quatre coins du clocher, la fierté de Dauzan, avaient disparu. La police était déjà sur les lieux, et cherchait des témoins. Tout excité, bravant l’interdit suprême, Timothée fonça chez Laura pour lui annoncer la nouvelle.
Personne ne lui ouvrit.
09:58 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Enfin, je mets de nouveau une petite note sur ton blog!
Alors, moi je dis OUI à la promo car on n'est jamais mieux servi que par soi-même!
Et je recommande à tous ceux qui ne l'ont pas ce chouette livre en édition limitée : jetez-vous dessus, il n'y en aura pas pour tout le monde!
Écrit par : Delph | 16/11/2009
J' adore ce livre de contes de Noël !
Je vais d'ailleurs le ressortir pour le relire !
Écrit par : Sylvie | 28/11/2009
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