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12/04/2009

Jeux interdits

images.jpegHier soir nous avons regardé un très vieux film : Jeux interdits de René Clément. Les impressions que j'avais ressenties la première fois où je l'ai vu, sont revenues, intactes. La beauté du noir et blanc. Le jeu sur l'ombre et la lumière. La violence du bombardement qui tue les parents de la petite Paulette. La description de ce milieu rural des années quarante, quand il n'y avait pas l'électricité dans les coins reculés et que l'hygiène et le confort n'étaient pas encore à l'ordre du jour. J'ai aimé le regard du cinéaste sur cette famille Dollé, un regard exempt de jugement et crû tout à la fois.  Et puis, bien sûr, il y a Paulette et Michel interprétés par Brigitte Fossey et Georges Poujouly. Le naturel de ces deux enfants, la complicité très forte qui les unit sont vraiment étonnants et nous remue profondément. La petite Paulette est arrachée à l'amour de ses parents avec une incroyable brutalité. Elle n'a pas le temps de pleurer, de se plaindre, le flot des gens qui fuient  l'emporte loin d'eux. Elle n'a probablement jamais entendu parler de la mort. Elle va devoir l'apprivoiser en créant un cimetière pour son chien et d'autres bêtes que Michel tue pour elle. Ce jeu qui unit les deux enfants est morbide, mais la guerre ne leur a pas laissé d'autre issue. Elle exerce sur eux une violence qui les traumatise et les oblige à conjurer la mort en jouant avec elle. Á la fin les deux enfants sont séparés à jamais. Paulette est incapable de donner son véritable patronyme et elle dit s'appeler "Dollé", comme Michel. Ce dernier en perdant Paulette perd son innocence. Il découvre que les adultes mentent et se parjurent. Probablement que cette déception fera de lui un autre homme que celui qu'il aurait pu être. 

Ce film est très vieux me direz-vous. Oui, il a 58 ans, mais la détresse dont il parle n'a pas pris une ride. Le monde est plein de Paulette et de Michel à qui la guerre a volé leur enfance. Le rôle de l'artiste n'est-il pas de transformer cette douleur en œuvre d'art, pour qu'elle nous touche dans son universalité ? C'est ce qu'a fait René Clément et malgré le temps écoulé, son film possède toujours la même force. 

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