05/04/2009
Welcome de Philippe Lioret
Hier soir nous sommes allés voir Welcome de Philippe Lioret. Le titre est une anti-phrase. Les clandestins qui transitent par Calais, sont tout sauf "Welcome". Depuis la fermeture du centre de Sangatte à Calais, des associations de bénévoles ont pris le relais pour aider les centaines de sans-papiers qui veulent tenter le passage pour l'Angleterre. Ce film raconte l'entreprise désespérée que cela représente pour ceux qui veulent partir, à travers l'histoire de Bilal un jeune kurde de dix-sept ans. Celui-ci, après avoir échoué une première fois en se cachant dans un camion, décide de rejoindre l'Angleterre à la nage. Sa route croise celle de Simon, un maître-nageur qui l'entraîne pour ce défi tout en essayant de le dissuader de se lancer dans cette folie. Une relation très forte se crée entre le jeune garçon et Simon qui prend conscience de la condition tragique de tous ces hommes réduits à rien, et convaincus que de l'autre côté de la Manche se trouve l'Eldorado. Ce qui touche Simon dans l'histoire de Bilal, c'est qu'il veut à tout prix rejoindre une jeune fille dont il est amoureux. Simon est en plein divorce, si bien que son désir d'aider le jeune Kurde est influencé par sa propre blessure et peut-être le désir de reconquérir sa femme en faisant un beau geste. Tout est très juste dans ce film, le jeu sobre et convaincant des comédiens , la mise en scène de la façon dont les sans-papiers vivent, sont interpellés et jugés, et meurent parfois. Il n'y a aucun pathos. Le réalisateur passe toute l'histoire au scalpel pour nous réveiller. Dénoncé par un voisin de palier, Simon est convoqué par la police : il risque 5 ans de prison et 30000€ d'amende pour avoir aidé un clandestin. Cela, je le savais. Aujourd'hui en France, on peut aller en prison pour avoir aidé quelqu'un à ne pas mourir ! Le réalisateur du film espère que son film permettra un changement dans le texte de loi, de façon à ce que seuls les passeurs qui perçoivent des sommes astronomiques soient inquiétés par la justice et pas le citoyen qui désire rester un être humain en tendant la main à celui qui en a besoin. Je suis bien sûr consciente que l'Occident ne peut recevoir tous les malheureux qui fuient la guerre, la famine ou la dictature, mais pourquoi les femmes et les hommes qui en ont envie ne pourraient pas faire leur boulot d'être humain et manifester de la compassion sans tomber sous le coup de la loi ?
18:56 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Mais ceux qui votent ou décident des lois iront-ils voir ce film? Liront-ils ce billet?
Et quand bien même... se laisseraient-ils interpeller ou adoucir?
Douce France, où est ton coeur?
Écrit par : Delph | 06/04/2009
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