10/03/2009
Coupe de printemps
Quand vient le printemps, que les oiseaux chantent à tue-tête dès potron-minet, je me sens l'âme bucolique, le pied alerte, la main frémissante. C'est tout juste si des bourgeons ne tentent pas d'éclore sur mes cheveux. Mes narines sont à l'affût des senteurs de toute sorte, mes yeux guettent la violette qui se cache sous le forsythia, la pâquerette qui secoue sa jolie corolle, l'herbe qui reverdit avec enthousiasme.
Je me transforme alors en homme des bois. Je chausse mes vieilles chaussures de jardin qui ont un jour servi d'apéritif au chien, j'enfile un pantalon sans forme et un pull "qui ne craint rien" et me voilà parée (le mot est peut-être mal choisi) pour faire une beauté à mon jardin. Je taille, sans état d'âme le lantana, le solanum et l'arbre à papillon. Je protège mes douces mains à l'aide de bons gants en cuir pour raccourcir mes rosiers à qui et je fais une coupe sévère. Ils finissent tous par ressembler à des légionnaires avec leurs chicots branchus qui se dressent au soleil. Je suis certaine que lorsqu'ils me voient tous débouler armée de mon sécateur, ils me trouvent l'air féroce. " Tous aux abris ! " doivent-ils se dire entre eux. " V'là la maniaque du sécateur, la virtuose du râteau ! " Franchement, s'ils avaient l'occasion de se voir dans un miroir, ils me remercieraient de ce nettoyage intempestif, ils me baiseraient les genoux ! Mais voilà, ils n'ont nulle glace dans laquelle se mirer et ils regardent avec mélancolie tomber leurs rameaux fanés, gris, ternes et tristes. Heureusement, dans quelques jours, ils commenceront à se couvrir de feuilles et de bourgeons. Je les entends déjà pousser des cris de joie et rivaliser d'imagination pour embellir le jardin. Et moi, je les écouterai, tout en plantant quelques nouvelles espèces.
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