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06/06/2009

6 juin 1944 : le débarquement

images.jpegEnviron 80% des français jugent que les fêtes du débarquement sont importantes. Un chiffre qui fait chaud au cœur. Je fais partie de ces 80%. Je suis étonnée d'apprendre que 20% des français trouvent que cela n'a aucun intérêt. Ce que l'on ne sait pas c'est l'âge, l'origine, le sexe de ces 20%.

Je suis née après la guerre, mais il est vrai que cette page de notre histoire m'a toujours passionnée et touchée. Hier soir en voyant ces vétérans du débarquement pleurer en évoquant les scènes épouvantables dont ils avaient été témoins il y 65 ans, je me suis dit qu'il nous fallait veiller passionnément sur cette mémoire aujourd'hui, et demain, lorsque les derniers témoins auront disparu. Ma fille est révoltée de l'indifférence des jeunes de son âge face à cette période terrible. Elle craint qu'un jour le nazisme ne renaisse de ses cendres parce que cette guerre n'aura pas plus d'intérêt pour les hommes que la guerre des Gaules menée par Jules César.

Il se trouve que notre histoire familiale nous a rendus plus sensible que d'autres à cette période. En 43, le père de mon mari  était parti pour tenter de rejoindre le général de Gaulle en Angleterre, lorsqu'à  la frontière espagnole, il fut arrêté et déporté au camp de Buchenwald. Il y resta jusqu'à la libération du camp par les américains le 11 avril 1945. Son frère aîné, arrêté pour faits de résistance,  trouva la mort dans ce camp. Mon beau-père était incapable de parler de cette expérience innommable.  Alors qu'il était un homme très maître de lui et doté d'un fort caractère, il éclata en sanglots le jour où, à la demande de mon fils aîné, il tenta d'évoquer ce qu'il avait vécu.  Pour ne pas laisser sa famille dans l'ignorance, il écrivit un petit livre dans lequel il raconta, avec beaucoup de distance ces années de cauchemar. On pourrait penser que cela eut un effet thérapeutique. En réalité, les fantômes du passé ne l'ont jamais vraiment quitté. Alors qu'il était hospitalisé pour raisons graves, ses délires étaient hantés par la Gestapo et les nazis. Ce passé douloureux suscitait en nous désir de savoir et compassion. Mais aucun de nous ne pouvait se mettre à sa place. Quand il est mort en novembre dernier, il a emporté avec lui tout ce qu'il n'avait pas pu dire. Cependant, il nous a laissé, à tous, le respect pour ces années de jeunesse sacrifiées à une cause qui le dépassait, comme tout un chacun. Il a fait partie de ces anonymes qui, une fois la guerre finie, ont repris le chemin de la vie, ont fondé un foyer, ont eu des enfants, et ont continué à marcher avec dans le cœur, une blessure que ne s'est jamais refermée. Voilà pourquoi, je trouve que les fêtes du débarquement sont importantes. 

Commentaires

La mémoire pavlovienne
La ritualisation des commémorations s’est perdue entre pédagogie culpabilisante et festivité divertissante.
Les rendez-vous avec l’Histoire trouvent peu d’écho chez les patriotes opportunistes dans l’époque de l’immédiateté sans passé.
Lorsque que l’on ne peut plus distinguer les moments solennels des orchestrations de l’émotivité, la mémoire devient la propriété d’une minorité et le réflexe conditionné sans but des autres.
La suite ici :
http://tiny.cc/oVOcL

Écrit par : walkmindz | 06/06/2009

C'est vrai que, parfois, on pourrait croire que la paix a anesthésié nos mémoires.

Mais l'horreur a noué la langue de Grand-Père et laissé dans son coeur comme une bise glacée. Ainsi que pour tant d'autres pauvres âmes brutalisées.

Alors, finalement, même si ça paraît parfois trop ceci ou trop cela, il est important qu'il y ait encore (et toujours?) des commémorations pour un jour comme le 6 Juin 1944.

Écrit par : Delph | 06/06/2009

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