22/02/2009
Tête de Turc
J'ai remarqué que dans les cours d'école, puis dans n'importe quel groupe constitué, on trouve fréquemment une tête de Turc. Le dictionnaire historique de la langue française dit que l'expression fait allusion à un engin appelé dynamomètre qui, dans les foires, servait à mesurer la force des gens. La partie sur laquelle il fallait frapper représentait une tête ornée d'un turban, un turc donc. D'où le sens figuré : une tête de Turc est un souffre-douleur.
La tête de turc est une personne qui, allez savoir pourquoi, attise la cruauté de certains. Cette personne permet à celui qui se croit plus beau et plus fort de fédérer quelques imbéciles qui applaudissent à ses mauvaises blagues. La tête de Turc est seule. Elle croit parfois naïvement que les autres sont ses amis puisqu'ils rient. Je déteste le film Un dîner de cons à cause de cela. Je n'ai pas pu le regarder en entier tant la façon dont le personnage de Jacques Villeret est ridiculisé m'a choquée. Alors que j'aime beaucoup rire, là, j'ai eu envie de pleurer. Il paraît que si j'avais regardé le film en entier j'aurais réagi autrement. Tant pis. Le film ne figure pas au palmarès de mes chefs d'œuvre.
Dans la classe de mon ado chéri, il y a une tête de Turc. Ce garçon pensait avoir des copains, il se trouve face à des bourreaux dont le jeu est de le faire pleurer. Toute sa personne est en butte aux moqueries : son visage, sa taille, ses vêtements, ses chaussures. Tout est prétexte à rire de lui. Comme il n'est peut-être pas très fin ( ce qui n'excuse rien ), il a tenté de se faire d'autres copains en jouant à son tour le rôle du bourreau. Faire subir à un plus faible les mêmes tracas que ceux qui lui étaient infligés lui parut judicieux. Funeste erreur. Au lieu de nouer de nouveaux liens, il s'est fait un ennemi qui ne lui fera pas de mal, mais ne le défend pas non plus au moment où hurlent les loups.
Lorsque j'entends ce genre de récit, j'ai le cœur qui se serre. Ce garçon m'est inconnu, mais je réagis comme s'il était mon fils. J'ai envie de pleurer comme s'il s'agissait d'un de mes enfants. Je suggère d'aller voir les professeurs pour que cesse cette cruelle comédie ? Mon ado proteste, il ne veut pas prendre le risque d'être la nouvelle tête de Turc. Dans les cours d'école on joue à une sorte de colin-maillard où celui dont les yeux sont bandés est bousculé, rejeté de bras en bras jusqu'à tomber à terre.
19:26 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Brrrrrr.... ça me donne mal au ventre...
Écrit par : Delph | 22/02/2009
je suis commme toi face a tant d'injustice ! ca me donne envie de pleurer !
j'ai jamais été la tete de turc mais je sais que j'ai toujours "joué" a la fille idealiste qui defend les seuls et exclues...j'aimais etre amie avec tout le monde sans aucune difference !
ca m'enerve ce genre de chose !
bidoux
Écrit par : Mary | 22/02/2009
Tu as bien vu ma réaction à table... c'est au dessus de mes forces de penser "ça passera" ou bien "c'est l'âge". Il n'y a pas d'âge à la cruauté et la bêtise... Pour ça, je me glisserais volontiers dans cette fameuse classe de 4ème pour faire taire tous ces stupides jeunes loups qui ne se lassent pas de faire pleurer...
Entre "louves" on se comprend ma chère Maman :)
Écrit par : Clotilde | 23/02/2009
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