30/01/2009
Syngué Sabour
DIMANCHE 18 JANVIER 2009
Syngué Sabour,
Clotilde m'a offert le dernier prix Goncourt. Syngué Sabour. Ce qui signifie Pierre de patience. En général, je me méfie un peu des prix. J'attends souvent pour les lire qu'ils ne soient plus un prix à la lecture incontournable, mais seulement une œuvre que j'aurai envie de lire parce que la couverture, le titre, une ou deux lignes lues m'auront donné envie d'aller plus loin. Cette fois-ci, j'ai dérogé à ma règle parce que l'auteur étaient afghan, que son livre parlait des femmes et de leurs terribles conditions de vie. J'avais encore en mémoire Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini ou Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra qui m'avaient tous deux bouleversée.
Me voici donc recevant avec un bonheur gourmand le livre de Rahimi. C'est un bon livre, bien écrit, avec sobriété, une certaine rudesse. Une femme veille son époux, un taliban, qui a reçu une balle dans la nuque au cours d'une rixe sordide. Avec constance elle change la poche de glucose qui alimente le blessé. Ce dernier est vivant, mais sans vie. Paralysé. Ses yeux sont vitreux. Il ne réagit à rien. Elle lui parle. Un long monologue, interrompu de temps à autre par des événements dramatiques durant lesquels la femme prend de plus en plus conscience de sa vulnérabilité. Ce monologue au contenu tout d'abord assez conventionnel, devient peu à peu l'occasion pour la femme de déverser ses souffrances de femme mariée à ce mari qui n'a jamais su lui donner la moindre tendresse. Au fil des jours elle évoque tous les secrets de sa vie, jusqu'à celui qui concerne l'identité du véritable père de ses enfants. Elle appelle son mari ma syngué sabour, c'est-à-dire ma pierre de patience. Selon la légende , une syngué sabour est une pierre à laquelle on confie tous ses malheurs. Le jour où elle explose, c'est que l'œuvre de guérison est achevée. J'ai refermé le livre sans avoir totalement compris la fin. En réfléchissant à cette lecture, je me suis dit que je n'étais pas parvenue à m'attacher vraiment à cette femme, à son destin. Est-ce l'écriture ? Des descriptions qui font penser à des didascalies de théâtre ? Ou à l'écriture d'un scénario ? Une écriture où l'on sent l'exercice de style ? Est-ce l'absence d' une certaine forme de poésie ? Je ne sais pas. Je me dis juste que j'oublierai probablement ce livre,et j'en suis triste. Mais je me trompe peut-être. Qui sait si cette lecture ne se bonifiera pas, comme le bon vin ? Je verrai cela dans quelques années.
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