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03/01/2011

Poésie du quotidien

 

 

DownloadedFile-1.jpegCe matin j'ai écouté sur France Culture une émission sur la correspondance de Guillaume Apollinaire et Lou. Des lettres d'une incroyable beauté écrites à une femme qu'il ne vit que trois fois, qui ne lui avait laissé aucun espoir, et qui n'était pas vraiment sensible à la poésie. Des lettres crues, flamboyantes. En écoutant cela, je me disais que mon amour pour l'homme qui partage ma vie pouvait paraître bien fade, soumis au train train quotidien, tristounet peut-être. Une vie de couple très ordinaire, celle de monsieur et madame Tout le Monde, coincée entre le travail, les enfants, la maison, la vie sociale. Et une soudaine tristesse m'a envahie. La vie me paraissait grise, fatigante, décevante, décourageante même. Devant la machine à laver le linge, j'ai mis en parallèle mes tâches de ménagère et la vie de Lou ou d'autres femmes dites libres. Libres, oui, de toute contrainte, de toute fidélité, de tout engagement. Libres au fond de vivre égoïstement. Les travaux répétitifs, prendre soin du linge, faire la cuisine, veiller à la propreté des lieux, donner de mon temps pour le bien-être de ceux que j'aime a-t-il de la valeur ? Cette tristesse poisseuse m'est alors apparue pour ce qu'elle était : un piège. Elle teintait de gris toute mon existence, ôtait son éclat à chaque instant de ma vie. Or, me suis-je dit, tout dans la vie peut être joie, poésie, pourvu que l'on accepte de changer son regard. Étendre du linge parfumé dans le jardin, le voir baigné par le soleil de printemps, étaler une pâte à tarte, sentir sous mes doigts sa souplesse, couper des fruits pour faire une salade, entendre le merle siffler, tout cela est immensément poétique si j'accepte d'en déceler la beauté. Donner aux autres du bonheur, des rires, une écoute, et recevoir en échange leur tendresse, leur reconnaissance est d'une richesse infinie qui vaut bien toutes les fausses libertés du monde.

J'ai repoussé ces idées noires, laissant à Apollinaire sa magnifique mélancolie, et j'ai choisi de sourire à ma vie de femme ordinaire comme il en existe des millions de par le monde.